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Virologie

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Sur la piste du virus de la grippe espagnole (1918-1919) Volume 5, numéro 1, Janvier - Février 2001

Auteur
25, rue Périer, 92120 Montrouge

Avec plus de 20 millions de morts, la pandémie de grippe espagnole de 1918-1919 a été l'un des plus grands fléaux qui ait jamais atteint l'humanité. Les raisons de l'exceptionnel pouvoir pathogène de ce virus ne sont pas encore connues, mais de nombreuses recherches ont été consacrées à tenter d'identifier l'agent causal. Les études faites pendant la pandémie avaient suggéré qu'il s'agissait d'un virus, ce qui fut formellement vérifié en 1930, puis en 1933 par l'isolement des virus des grippes porcine et humaine. Les recherches séroépidémiologiques rétrospectives ont montré que les sujets ayant survécu à la maladie en 1918 possédaient des anticorps correspondant au virus de la grippe porcine de 1930 plus qu'à celui de la grippe humaine de 1933. Des méthodes plus modernes de reconstitution génétique ont été appliquées à des prélèvements historiques de pièces anatomiques fixées ou provenant de corps de victimes enterrés dans le permafrost où certains éléments du virus avaient pu être conservés. Ces études ont permis de confirmer que le virus de 1918 était bien un virus grippal de type A possédant des caractères des virus humains récents, mais aussi des composants aviaires. L'interprétation la plus satisfaisante revient à considérer qu'un virus aviaire a pu s'adapter aux mammifères, en particulier à l'espèce humaine, peu de temps avant l'explosion de la pandémie. Il aurait alors acquis, par passages successifs chez l'homme, une particulière virulence dont le support moléculaire n'a pas encore été identifié. Il semble bien que cette situation dangereuse puisse se reproduire à n'importe quel moment et il est donc important d'intensifier la surveillance des virus animaux comme celle des virus humains.