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Virologie

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Mise au point d‘un vaccin anti‐virus respiratoire syncytial : où en est‐on ? Volume 8, numéro 1, janvier-février 2004

Auteur
Laboratoire de virologie, CHU Bicêtre

Auteur(s) : D. Boutolleau

Laboratoire de virologie, CHU Bicêtre

Le virus respiratoire syncytial (RSV) est le principal agent étiologique des infections respiratoires basses (pneumonies et bronchiolites) chez les jeunes enfants. Il peut aussi être à l'origine d'infections respiratoires graves chez les adultes fragilisés (greffés de moelle osseuse, personnes âgées). Les épidémies d'infection à RSV surviennent classiquement en hiver et au début du printemps. La primo-infection virale n'induit pas obligatoirement d'immunité protectrice, à la fois humorale (anticorps sériques et sécrétoires) et cellulaire (lymphocytes T cytotoxiques). Ainsi, du fait des réinfections virales symptomatiques, le but de la vaccination n'est pas d'empêcher l'infection virale, mais plutôt de prévenir les manifestations cliniques et les complications associées à cette infection.
Dans les années 1960, un premier vaccin inactivé (par le formaldéhyde) a été mis au point et administré à des enfants âgés de 2 mois à 7 ans, mais le résultat fut désastreux : non seulement ce vaccin ne protégeait pas les enfants contre la maladie due au RSV sauvage mais, en plus il induisait des manifestations cliniques exagérées en réponse à l'infection par le virus sauvage. L'ensemble des mécanismes impliqués dans cette réponse immune inadaptée demeure mal compris, mais certains ont été identifiés : production insuffisante d'anticorps neutralisants, absence d'induction d'une immunité locale, absence d'activation des lymphocytes T cytotoxiques spécifiques et induction d'une réponse de type Th2 inadéquate à l'origine d'inflammations et de broncho-constrictions. Le vaccin anti-RSV idéal doit donc générer à la fois un taux protecteur d'anticorps neutralisants circulants et l'activation de clones cellulaires T cytotoxiques spécifiques.
Plusieurs pistes ont depuis été suivies pour mettre au point un vaccin anti-RSV, avec plus ou moins de succès. Les vaccins vivants atténués (virus mutants thermosensibles ts ou obtenus par passages successifs à basse température cp) développés dans les années 1970 avaient l'inconvénient majeur d'inverser la souche atténuée vers son phénotype sauvage initial. La souche vaccinale atténuée VRS cpts 248/404, obtenue par mutagenèse à partir d'un précurseur VRS cp, a donné des résultats encourageants, notamment en termes de protection contre les infections virales symptomatiques ; elle a surtout permis de mieux comprendre les phénomènes de réplication, d'immunogénicité et de stabilité phénotypique des souches virales atténuées.
Grâce à la génétique inverse, les différentes mutations présentes dans les virus atténués cp et ts ont pu être précisément localisées et identifiées. La combinaison de ces différentes mutations entre elles ou associées à des délétions de gènes viraux non essentiels a permis d'obtenir de nouveaux vaccins atténués candidats, dont certains sont actuellement en cours d'évaluation.
Dans le domaine des vaccins sous-unitaires, les glycoprotéines (gp) virales F et G constituent des vaccins candidats dans la mesure où elles induisent la production d'anticorps neutralisants protecteurs. Des vaccins à base de gp F purifiée (PFP1, 2 et 3) ont montré une excellente tolérance et une bonne immunogénicité. Les enfants nés de mères vaccinées par le PFP2 au cours de la grossesse avaient un taux significativement plus élevé d'anticorps anti-gp F jusqu'à 6 mois de vie. De plus, le PFP2 a montré son efficacité dans la prévention des infections respiratoires basses chez les enfants atteints de mucoviscidose. L'efficacité d'autres vaccins sous-unitaires, à base des protéines virales co-purifiées F, G et M, ou de la protéine virale G couplée à la protéine G du streptocoque (BBG2Na), est actuellement en cours d'évaluation.
En conclusion, malgré la reconnaissance du RSV en tant qu'agent pathogène respiratoire majeur depuis plus de quarante ans, un vaccin efficace n'est toujours pas disponible. Néanmoins, des progrès significatifs ont été réalisés dans le processus de mise au point. Les technologies de recombinaison génétique devraient notamment permettre l'obtention de vaccins vivants atténués de façon optimale, suffisamment immunogènes et phénotypiquement stables. Actuellement, des essais cliniques concernant des vaccins sous-unitaires et des vaccins vivants atténués sont en cours.

Référence

Durbin AP, Karron RA. Progress in the development of respiratory syncytial virus and parainfluenza virus vaccines. Clin Infec Dis 2003 ; 37 : 1668-77.