Cahiers d'études et de recherches francophones / Santé
MENUEffects of the antimalarial drugs ferroquine and artesunate on Plasmodium yoelii yoelii gametocytegenesis and vectorial transmission Volume 21, numéro 3, Juil-Août-Sept
Illustrations
- Mots-clés : artésunate, ferroquine, gamétocyte, Plasmodium yoelii yoelli, transmission vectorielle
- DOI : 10.1684/san.2011.0261
- Page(s) : 133-42
- Année de parution : 2012
La chimie trouve encore sa place dans la prise en charge du paludisme entre la vaccination très attendue et la moustiquaire imprégnée d’insecticides de plus en plus utilisée. Au cours de son cycle, l’hématozoaire évolue en trois grandes périodes : l’impaludation correspondant au développement intrahépatique des formes infectantes venues du moustique vecteur, cette période est peu sensible aux thérapeutiques mais souvent asymptomatique, la période de la multiplication intra-érythrocytaire est la plus bruyante et l’action thérapeutique primordiale, enfin, la phase sexuée du parasite où les gamétocytes développés dans les érythrocytes assureront la pérennité de l’espèce chez le moustique anophèle femelle hématophage. Le but de notre travail est d’étudier l’action de médicaments classiquement efficaces sur les formes sanguines, au niveau des formes sexuées (gamétocytes) du parasite et ainsi éventuellement sa répercussion sur la transmission du paludisme. Il s’agit d’une étude expérimentale sur un modèle animal dont le cycle parasitaire et les modes de transmission du parasite sont proches de ceux du paludisme humain. Plasmodium yoelii est entretenu sur souris Swiss, le cycle étant assuré par le vecteur Anopheles stephensi et maintenu en animalerie avec l’aide du Muséum national d’histoire naturelle de Paris. Deux molécules ont été testées : la ferroquine (association de la chloroquine à un noyau ferrocène lui rendant toute son efficacité sur les souches chloroquino-résistantes) et l’artésunate (dérivé de l’artémisinine issue d’une plante d’origine chinoise, le qinghao et une molécule de choix dans les associations thérapeutiques conseillées par l’OMS). Ces molécules prescrites à doses infracuratives pour les formes asexuées ont été testées en termes d’efficacité sur le parasite, quantitativement par la mesure de la gamétocytémie et qualitativement en comptant la quantité d’oocystes (développés sur l’estomac du moustique) témoins de l’activité des gamétocytes. La souris parasitée et traitée est son propre témoin : des lots de 30 moustiques se gorgeant sur elle avant le traitement et une heure 30 et cinq heures à la suite de la prise de thérapeutique. Quantitativement, la comparaison de l’indice gamétocytique, de la parasitémie et de l’index gamétocytique montre, chez les souris traitées comparées aux souris parasitées non traitées, une augmentation des gamétocytes circulants, quel que soit le médicament ou la dose (5 ou 10 mg/kg). Pour l’artésunate à 5 mg/kg, on a pu noter que la gamétocytémie était pratiquement double de celle des témoins. En revanche, qualitativement, les premiers résultats obtenus en microscopie optique et électronique montrent des altérations morphologiques des gamétocytes circulants (amas de pigments, latéralisation des gamétocytes dans l’hématie) et une moindre infectivité des gamétocytes pour les moustiques gorgés une et cinq heures après la prise de thérapeutique. Nous avons statistiquement pu démontrer que l’infectivité des gamétocytes, mesurée par la quantité d’oocystes comptés sur l’estomac du moustique, était respectivement diminuée de 70 % pour celles traitées par la ferroquine et de 85 % pour ceux issus de souris traitées par l’artésunate. Des études complémentaires chercheront à préciser les populations (âge) de gamétocytes atteintes par les thérapeutiques et l’importance et la nature des altérations morphologiques des gamétocytes traités.