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Psychologie & NeuroPsychiatrie du vieillissement

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Voyage vers la démence Volume 3, numéro 2, Juin 2005

Auteur
Faculté de sciences économiques, sociales et de gestion, Namur, Belgique

Le journal de l’écrivain Annie Ernaux, Je ne suis pas sortie de ma nuit, relatant son expérience de l’accompagnement de sa mère atteinte de la maladie d’Alzheimer est analysé pour comprendre ce qui permet à l’auteur de se rapprocher de sa mère en dépit de l’avancement de la maladie. Comment Annie Ernaux parvient-elle à échanger avec sa mère jusqu’au terme du processus démentiel ? Cette analyse permet de comprendre, pour Annie Ernaux d’abord et, au-delà d’elle, pour tous ceux qui accompagnent les sujets déments, comment éviter de réduire le malade à être un « fardeau » que l’on « prend en charge » pour, au contraire, donner sens au maintien d’une relation avec la personne démente. Deux défis indissociables de l’aidant sont mis en évidence, permettant, lorsqu’ils sont rencontrés, d’entretenir un lien de qualité : 1) accepter, non seulement de donner, mais de recevoir du dément son expérience singulière de l’humanité comme ayant une pertinence pour sa propre vie d’homme ; 2) reconnaître le sujet dément comme humain à part entière, ce qui suppose un décentrement par rapport à l’anthropologie cartésienne classique.