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Médecine Thérapeutique / médecine de la reproduction

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Clonage : en quoi sera-t-il thérapeutique ? Volume 8, numéro 4, Juillet-Août 2006

Auteurs
Inserm U 421/I-STEM, 1 rue de l’Internationale, Evry 91004 cedex

Le transfert de noyau somatique dans un ovocyte énucléé dans le but de dériver des lignées de cellules souches embryonnaires humaines a été appelé « clonage thérapeutique », afin de le différencier du « clonage reproductif » qui, avec la même technique de base, vise à implanter un œuf fécondé dans un utérus capable de le conduire jusqu’à la naissance d’un être humain. Ce télescopage sémantique fort malheureux a apporté de l’eau au moulin de ceux qui, en général hors du monde scientifique, tentaient d’interdire aux biologistes d’accéder à un nouveau terrain de recherche prometteur parce que cela attenterait, selon eux, à la dignité de l’être humain fantasmatique que représenterait, du fait de sa seule génétique, toute union de gamètes de notre espèce. Nous ne faisons référence à ce débat que pour mémoire car, sauf rares exceptions, c’est beaucoup moins cette question que celle de l’intérêt thérapeutique du clonage qui aujourd’hui suscite des discussions dans le monde scientifique. De nombreux biologistes s’interrogent en effet sur la réalité des objectifs scientifiques du transfert de noyau somatique, ou du moins sur la faisabilité et l’intérêt des approches potentiellement thérapeutiques fondées sur l’utilisation de cellules souches embryonnaires clonées. Ces interrogations – qui rejoignent celles que les termes de « thérapie génique » suscitent depuis près de 20 ans – sont sans doute fondées si l’on considère l’utilisation inappropriée qui est faite de ces expressions pour recouvrir l’ensemble du champ de recherche dont elles ne sont que l’objectif, clinique et ultime. Néanmoins, comme pour la thérapie génique de nouveau, l’inadéquation des périmètres scientifiques couverts par les expressions d’un côté, par les champs de recherche de l’autre ne justifie pas de mettre en question sans une analyse approfondie des objectifs thérapeutiques de ces approches fondées sur l’utilisation du vivant, gènes ou cellules clonées. Dans cette revue, nous avons donc pris le parti de parler, sans manipulation sémantique, du clonage « thérapeutique », en proposant au lecteur deux exemples de ce qui, à notre avis, justifie pleinement aussi bien le terme que la recherche qui devrait être menée, dans les domaines très différents de la biothérapie substitutive et de la modélisation pathologique.