JLE

Médecine thérapeutique / Endocrinologie

MENU

Scintigraphie des récepteurs de la somatostatine (Octréoscan®) : exploration des tumeurs neuro-endocrines (TNE) d’origine digestive Volume 2, numéro 5, Septembre - Octobre 2000

Auteur
Service de Médecine Nucléaire, Hôpital Cochin, 27, rue du faubourg Saint-Jacques, 75674 Paris cedex 14, France.

La somatostatine (SMS) native est une hormone peptidique, ubiquitaire, dont les effets principaux sont l’inhibition de la prolifération cellulaire et de la plupart des sécrétions endocrines et exocrines en particulier gastro-intestinales. La demi-vie biologique de la SMS étant trop brève (3 minutes) pour une utilisation pharmacologique, des analogues de synthèse de durée de vie plus longue ont été mis au point : l’octréotide est l’un des analogues les plus utilisés en thérapeutique. Les effets de la SMS sont médiés par des récepteurs membranaires spécifiques présents dans de nombreux tissus normaux et tumoraux (TNE mais aussi, lymphomes, cancers du sein etc.). Cinq sous-types de récepteurs ont été clonés chez l’homme à ce jour [1]. Le sous-type sst2 , en particulier, a une haute affinité pour l’octréotide. L’utilisation de l’octréotide marqué par un isotope est à l’origine d’une application scintigraphique intéressante de détection des TNE exprimant en particulier le sous-type sst2. Il s’agit également du premier exemple d’utilisation pratique en scintigraphie de peptides radiomarqués. Quoique la sensibilité de détection du site primitif d’une TNE d’origine digestive ne soit pas aussi élevée que celle des métastases hépatiques, la SRS est une technique d’imagerie de pointe pour visualiser des TNE. 90 % des gastrinomes, en particulier, sont mis en évidence par l’association de la SRS et de l’échoendoscopie. Pour certains, la SRS est devenue un examen de première intention, en particulier lorsque le patient n’a pas de lésion métastatique connue car les résultats ont un impact sur la décision thérapeutique. La SRS détecte parfois des lésions plus précocément que les autres moyens d’imagerie. Toutefois, il existe des faux positifs de la SRS plus fréquents dans les localisations extra-abdominales [45] et des sites connus non détectés par la SRS. Beaucoup de points restent encore discutés : la fréquence de cet examen dans le suivi des patients, la comparaison avec les techniques d’exploration plus récentes (TDM hélicoïdal, échoendoscopie etc), le retentissement des traitements (radiothérapie, chimiothérapie) sur l’expression des récepteurs, et surtout, le rôle potentiel de cet examen dans la survie à long terme des patients. En ce qui concerne le marquage de l’octréotide au techécium 99m qui est l’isotope le plus utilisé en pratique dans les services de médecine nucléaire, avec une énergie bien adaptée à la détection scintigraphique, les résultats sont, à ce jour, décevants. Des analogues de la somatostatine se fixant sur d’autres récepteurs que le sst2 sont à l’étude. Des essais de traitements par radiothérapie métabolique avec de fortes activités d’Octréoscan® ont été réalisés chez des patients au delà des ressources thérapeutiques conventionnelles [46, 47]. Les résultats ont été notables avec nette diminution des masses tumorales et peu d’effets secondaires jusqu’à maintenant. Un marquage par un émetteur b, l’ytrium 90, est à l’étude pour développer cette approche thérapeutique [46]. Enfin, la chirurgie avec une détection peropératoire de l’Octréoscan® a été tentée par plusieurs équipes [48]. Tout à fait réalisable avec les sondes de détection peropératoires actuelles, cela peut permettre au chirurgien de retrouver tous les foyers décrits en scintigraphie. Il est alors nécessaire d’avoir une bonne coordination entre les équipes médicales, chirurgicales et d’imagerie nucléaire. Toutefois, l’impact de cette chirurgie radioguidée sur la survie des patients reste à évaluer.