JLE

Environnement, Risques & Santé

MENU

Pesticides et neurodéveloppement de l’enfant Volume 21, numéro 1, Janvier-Février 2022

Auteurs
1 Institut thématique santé publique Inserm
Biopark
8, rue de la Croix Jarry
75013 Paris
France
2 Université de Rennes, Inserm, EHESP, Irset (Institut de recherche en santé, environnement et travail), UMR_S 1085
9, avenue du Prof Léon Bernard
35000 Rennes
France
* Tirés à part

L’exposition aux pesticides a été associée aux effets néfastes sur le neurodéveloppement des enfants de populations travaillant ou vivant dans des zones agricoles. Dans les études longitudinales récentes menées en zones rurale et urbaine, l’évaluation de l’exposition par la mesure de biomarqueurs urinaires et sanguins chez les enfants et les mères pendant la grossesse permet d’associer les effets à une famille chimique ou un pesticide particulier. L’exposition aux insecticides persistants organochlorés comme le dichlorodiphényltrichloroéthane (DDT) et le dichlorodiphényldichloroéthylène (DDE) pendant la période prénatale est associée à des retards développementaux et possiblement à une augmentation du risque de troubles du spectre autistique (TSA) en zone agricole. En Guadeloupe, des altérations de la motricité fine chez de jeunes enfants, en particulier les garçons, ont été associées aux concentrations maternelles pendant la grossesse de chlordécone (insecticide organochloré persistant utilisé autrefois dans les bananeraies). Dans des cohortes d’enfants de plusieurs pays, des études décrivent diverses atteintes du neurodéveloppement associées aux concentrations les plus élevées de métabolites d’insecticides organophosphorés et de chlorpyrifos chez la mère pendant la grossesse. Il s’agit de perturbations du développement psychomoteur, d’altérations des fonctions visuelles, de déficits cognitifs et de l’attention, de comportements évocateurs de troubles autistiques. L’exposition prénatale et postnatale aux pyréthrinoïdes, insecticides plus récents, est associée à des altérations du développement social et émotionnel, à des déficits cognitifs, du langage, de la motricité et à une possible augmentation de risque de TSA. Un éventuel effet d’herbicides comme le glyphosate sur le neurodéveloppement de l’enfant reste encore à établir. Des études expérimentales chez les rongeurs et les poissons exposés aux insecticides décrivent des effets sur le comportement, la locomotion, les fonctions cognitives, compatibles avec les associations mentionnées dans les études épidémiologiques et les modifications observées dans différentes zones cérébrales. Les modes d’action tels que le stress oxydant, les altérations des systèmes de neurotransmission, la neuro-inflammation, les modifications de l’expression de gènes et la diversité des cibles moléculaires peuvent rendre compte de la variété des effets décrits.