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Bulletin du Cancer

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Ostéonécrose des maxillaires et bisphosphonates en cancérologie Volume 95, numéro 4, Avril 2008

Auteurs
Service des maladies du sang, hôpital Claude-Huriez, CHRU, rue Michel Polonovski, 59037 Lille Cedex, Département de radiothérapie, Centre Antoine Lacassagne, Nice, Service de chirurgie maxillo-faciale stomatologie, CHU La Timone, Marseille, Inserm U831, Université Lyon 1, Service de rhumatologie, Hôpital Edouard Herriot, Lyon, Centre Léon Bérard, Chirurgie, 28, rue Laennec, 69373 Lyon, Service de chirurgie maxillo-faciale stomatologie, Hôpital Roger Salengro, CHRU, Lille, Service d’odontologie, CHRU, Lille, Département universitaire de rhumatologie, Hôpital Roger Salengro, CHRU, Lille ; Service d’oncologie générale, Centre Oscar Lambret, Lille ; EA4032, Physiopathologie et thérapeutique des tissus calcifiés, Service de chirurgie maxillo-faciale et plastique, Hôpital Michallon, CHU, Grenoble

Les bisphosphonates sont de puissants inhibiteurs ostéoclastiques qui sont indiqués dans la prévention des complications osseuses. Ils pourraient également présenter un intérêt dans la prévention des métastases osseuses. Plusieurs publications internationales récentes ont révélé la survenue d’ostéonécroses des maxillaires (ONM) chez des patients traités par bisphosphonates. Ces ostéonécroses se manifestent par une exposition osseuse, une mobilité dentaire récente, une tuméfaction et une inflammation, et parfois une douleur localisée, mais elles peuvent rester asymptomatiques des semaines ou des mois. Leur prévalence chez les patients cancéreux traités par bisphosphonates pourrait être comprise entre 1 et 10 %. Dans la majorité des cas (60 à 80 %), elles surviennent après un geste de chirurgie alvéolodentaire (par exemple une avulsion dentaire). La durée d’exposition aux bisphosphonates semble également augmenter le risque. Nous nous sommes appuyés sur les travaux publiés dans la littérature et sur notre expérience pour proposer des recommandations sur le diagnostic, la classification, la prévention et le traitement des ONM observés sous bisphosphonates prescrits en cancérologie. Il est clair que l’utilisation des biphosphonates apporte indiscutablement un bénéfice dans le traitement des complications osseuses, mais l’incidence des ONM lors des traitements au long cours et à fortes doses impose des mesures préventives. Ces mesures restent simples : remise en état bucco-dentaire avant le début du traitement, bonne hygiène et surveillance régulière pendant le traitement. Les gestes courants, non invasifs, restent autorisés. Dans les autres cas, la suspension du traitement est indiquée jusqu’à cicatrisation complète. L’augmentation de l’incidence des ONM, effets indésirables graves, soulève la question de la durée et du schéma d’utilisation des bisphosphonates dans les métastases osseuses. Des études sont actuellement en cours pour tenter de répondre à cette question.