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Bulletin du Cancer

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Dénutrition en cancérologie : quand demander un avis spécialisé ? Volume 96, numéro 5, mai 2009

Auteurs
Institut Gustave-Roussy, 39, rue Camilles-Desmoulins, 94805 Villejuif, France, Department of Oncology, Cross Cancer Institute, University of Alberta, Edmonton, Canada

La prise en charge de la dénutrition en cancérologie ne peut plus être négligée étant donné les liens bien établis actuellement, avec la mortalité, les complications postopératoires, les toxicités de la radiothérapie et de la chimiothérapie, ainsi qu’avec les paramètres de qualité de vie. La diversité des situations cliniques ainsi que les données de la littérature peu fournies dans certains domaines font que l’expertise par un médecin spécialiste en nutrition (MSN) est souvent nécessaire. Dans certaines situations, comme celle des patients dénutris devant bénéficier d’une chirurgie carcinologique, l’assistance nutritionnelle (AN) préopératoire (en privilégiant la nutrition entérale [NE] quand elle est possible) est indiquée et fait l’objet de recommandations internationales. Le rôle du MSN est de diffuser ces informations. Bien qu’il n’existe pas de recommandations, dans certaines situations, l’ensemble de la littérature permet de définir des conduites à tenir. Par exemple, en situation palliative non terminale, et en présence d’un syndrome subocclusif, il est légitime de proposer une nutrition parentérale, sans attendre un avis nutritionnel spécialisé. En revanche, son expertise est intéressante, dans le cadre d’une discussion éthique, dans les situations palliatives terminales où se pose la question de l’intérêt de la nutrition artificielle. Des recommandations nutritionnelles sont difficiles à formuler au cours des chimiothérapies des tumeurs solides, étant donné le peu d’éléments disponibles dans la littérature. Il faut restreindre l’avis spécialisé en nutrition aux situations où une prise en charge oncologique « active » est préconisée (phases précoces de la maladie, réponse partielle et nécessité de poursuivre la chimiothérapie, phase I, etc.). Dans le cadre des tumeurs des voies aérodigestives supérieures (VADS), la littérature permet d’orienter, sans donner de recommandations claires, vers des procédures pratiques. La NE est recommandée en préopératoire chez les patients dénutris. De même, elle est indiquée aussi au cours de la radiothérapie dès qu’apparaît une diminution des apports alimentaires (sans attendre l’installation de la dénutrition). Au cours de l’association radiochimiothérapie, étant donné la fréquence élevée et les conséquences de la dénutrition, il est légitime de proposer une NE dès la troisième semaine de traitement. Le rôle du MSN est de rédiger, les procédures nutritionnelles et de ne prendre en charge que les cas particuliers.