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Bulletin du Cancer

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Chimiothérapie néoadjuvante et cancer de l’ovaire Volume 93, numéro 7, Juillet 2006

Auteurs
Centre Léon-Bérard, Lyon, Gresac (LASS-CNRS FRE 2747), 28, rue Laennec, 69008 Lyon

Une chirurgie de réduction tumorale maximale suivie d’une chimiothérapie est généralement proposée pour la prise en charge des cancers de l’ovaire localement avancés (stades III ou IV). Les facteurs pronostiques communément admis sont le stade tumoral, le type histologique et le résidu tumoral post-chirurgical, ce dernier étant considéré comme un des facteurs pronostiques de survie le plus important. Plusieurs auteurs ont tout de même attiré l’attention sur l’intérêt qu’il pourrait y avoir à administrer une chimiothérapie avant tout geste chirurgical, dans le but de faciliter celui-ci. Les enjeux de cette stratégie, chimiothérapie suivie de chirurgie, sont importants en termes de résultats et de morbidité. Les analyses rétrospectives suggèrent que ce sous-groupe de patients de stades III et IV pourrait être traité par une chimiothérapie néoadjuvante suivie d’une chirurgie de l’intervalle. Les indications formelles pour une chimiothérapie néoadjuvante sont les stades IV (à l’exception des épanchements pleuraux) ou la présence de métastases de plus de 1 g pour lesquelles la résection est impossible. La chirurgie d’intervalle, chez des patientes préalablement opérées de façon suboptimale, a montré son efficacité en termes de bénéfice pour la survie globale et sans rechute, dans une large étude randomisée de la European Organization for Research and Treatment of Cancer (EORTC). Le Gynecologic Oncologic Group (GOG américain) a évalué l’effet d’une deuxième chirurgie de cytoréduction après chimiothérapie. Malheureusement, dans cette étude où la chirurgie première des cancers ovariens avait été considérée comme maximale, l’addition de cette seconde chirurgie cytoréductive après chimiothérapie comportant du cisplatine et du paclitaxel n’a pas permis d’améliorer la survie sans rechute et la survie globale des patientes. Les résultats contradictoires des deux dernières études reflètent les différences concernant, soit l’effort de chirurgie maximale initiale, soit les choix de protocoles de chimiothérapie. La chirurgie reste aujourd’hui le traitement standard initial des patientes en bon état général. L’étude randomisée en cours à l’EORTC, comparant chirurgie première plus chimiothérapie à chimiothérapie première plus chirurgie, permettra de préciser la place du concept de la chimiothérapie néoadjuvante.