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Bulletin du Cancer

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Chimioprévention des cancers et socio-éthique Volume 88, numéro 4, Avril 2001

Auteur
Service d’épidémiologie et de prévention, Centre Val-d’Aurelle, 34298 Montpellier.

En cancérologie, on peut définir la chimioprévention comme l’utilisation d’agents chimiques divers, dans le but de protéger l’organisme contre le développement et/ou la progression de clones cellulaires malins. En dépit de l’apparence rationnelle de cette approche, beaucoup de problèmes afférents à ces démarches n’ont pas été abordés. Ils touchent à la fois à la philosophie même de ces interventions et aussi à leur résolution scientifique. D’une part, peut-on proposer à des centaines de milliers de personnes non malades d’absorber un médicament, régulièrement pendant des années, pour éviter un cancer à seulement quelques sujets ? D’autre part, de telles actions ne peuvent être isolées, dispersées, et non contrôlées sous peine d’inefficacité, voire de nocivité et de rejet. Une réflexion sur les avantages potentiels et les inconvénients éventuels doit donc être réalisée avant d’entreprendre de telles interventions. Des essais d’intervention rigoureux doivent permettre un jugement scientifique du bilan bénéfice/risque afin de prendre une décision quant à l’utilisation ou non de la substance proposée sur une large échelle. Le passage des résultats d’essais à la pratique en routine devra conduire aussi à un système de surveillance adapté à cette généralisation qui devrait être le fait d’un consentement éclairé de l’ensemble de la communauté.