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Environnement, Risques & Santé

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L’incendie de l’usine Lubrizol. Bilan des actions Anses Volume 20, numéro 2, Mars-Avril 2021

Illustrations


  • Figure 1

  • Figure 2

  • Figure 3

Tableaux

Auteur
Chef du service de toxicologie
Institut Pasteur de Lille
1, rue du professeur Calmette
59000 Lille
France
* Tirés à part

Suite à l’incendie de grande ampleur qui s’est produit durant la nuit du 25 au 26 septembre 2019 sur le site de l’usine Lubrizol (Rouen, Seine-Maritime), usine classée « Seveso seuil haut » qui produit des substances chimiques industrielles pour adjonction dans des huiles diverses, un panache de fumées s’est formé localement et a poursuivi une trajectoire Nord-Est sur une grande distance. La gestion de crise mise en place très rapidement s’est organisée autour d’une « filière environnement » et d’une « filière santé » dans laquelle l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) a joué un rôle majeur avec la publication de six avis d’ici fin 2019. Ces expertises collectives ont permis de montrer que les échantillons de productions agricoles et de denrées alimentaires d’origine animale prélevés ne présentaient pas de dépassement des teneurs maximales réglementaires, à l’exception du plomb dans quelques échantillons de légumes et de matières premières pour l’alimentation animale. Les valeurs se situaient dans des gammes usuellement retrouvées dans les plans de surveillance et de contrôle à l’exception d’une augmentation de la concentration en dioxines, furanes et polychlorobiphényles-dioxyn like (PCB-DL) dans les œufs, le maïs, les ensilages, herbe/foin/luzerne, et le maïs grains. Globalement, aucune corrélation entre l’intensité des dépôts de suies et des concentrations des contaminants analysés dans les divers prélèvements n’a été démontrée, exceptée une tendance pour les dioxines et furanes polychlorés (PCDD/F) et PCB-DL dans les œufs. Concernant les eaux destinées à la consommation humaine (EDCH), la grande majorité des substances recherchées n’a pas été détectée dans les premiers échantillons prélevés. Seuls des hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) et certains composés perfluorés ont été quantifiés sur quelques rares zones de captages.

Afin de s’assurer de l’absence de risque à long terme, une stratégie de surveillance à long terme de substances d’intérêt a été proposée pour des productions agricoles, des denrées alimentaires d’origine animale et des aliments pour le bétail. Pour les EDCH, un plan de surveillance ajusté en termes de substances à analyser, de fréquence et de durée, permettant de couvrir un cycle annuel complet de recharge des nappes a également été proposé pour une application jusqu’à septembre 2020, correspondant à la fin de l’année hydrologique.