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Virologie

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Les prions Volume 4, numéro 1, Janvier - Février 2000

Auteur
CEA, Service de neurovirologie, CRSSA, BP 6, 92265 Fontenay-aux-Roses Cedex. dormont@dsvidf.cea.fr
  • Page(s) : 5-9
  • Année de parution : 2000

La fin du xxe siècle aura vu l'émergence de nouvelles maladies infectieuses dont la complexité physiopathologique et étiopathogénique est majeure : l'infection à VIH, l'infection à VHC et le nouveau variant de la maladie de Creutzfeldt-Jakob. Même si les conséquences en termes de santé publique ne sont pas aujourd'hui du même ordre, la pandémie d'infection à VIH ayant largement la première place dans les fléaux récents, les particularités biologiques des agents qui sont à l'origine de ces maladies sont remarquables, tout spécialement pour ce qui concerne les prions. En effet, les propriétés très atypiques des agents transmissibles non conventionnels (ATNC) ou prions ont fait suspecter, dès les années 1960, leur composition exclusivement protéique. Les premiers éléments expérimentaux en faveur de cette hypothèse sont venus des travaux de R. Latarjet en 1970 [1], qui, grâce à la détermination du spectre d'inactivation des ATNC par les rayonnements, suggéra l'absence d'acides nucléiques essentiels à la réplication de cette classe d'agents. L'identification de la PrP (protease-resistant protein) par S.B. Prusiner à la fin des années 1970 [2-5] en tant que constituant majeur des fractions infectieuses, sa reconnaissance en tant que protéine du soi au milieu des années 1980 [6] et la démonstration de l'implication de son gène dans la susceptibilité aux encéphalopathies subaiguës spongiformes transmissibles (ESST) ont servi de support à la théorie du prion [7]. Par définition, un prion est une entité infectieuse protéique dont l'unique support de la pathogénicité est lié à une conformation pathologique d'une protéine du soi, la PrP. En effet, à ce jour, l'hypothèse d'une transconformation entre une forme normale de la protéine majoritairement composée de structures en hélice alpha et une protéine pathologique majoritairement composée de feuillets bêta plissés est la plus couramment admise pour expliquer l'acquisition du caractère infectieux par la protéine [8]. Par ailleurs, la PrPc constitue le déterminant majeur de la susceptibilité aux ESST : en effet, d'une part, l'expression de PrPc à la surface des cellules est indispensable à l'infection et, d'autre part, la structure du gène codant la PrP (gène PRNP) chez le donneur et chez le receveur conditionne le franchissement de la barrière d'espèce et la susceptibilité individuelle à l'infection [9]. Le rôle de la PrP normale n'est toujours pas connu avec exactitude ; son implication dans la physiologie synaptique a été récemment évoquée [10]. Chez les mammifères, la protéine PrP normale (PrPc) a été retrouvée dans toutes les espèces chez qui on l'a recherchée ; sa variation interspécifique est relativement faible. En dehors des mammifères, une protéine PrP-like a été identifiée chez les gallinacés [11], et il existerait des séquences nucléotidiques homologues au gène codant la PrP chez le saumon.