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Virologie

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Infection par le parvovirus simien : une potentielle zoonose ? Volume 9, numéro 4, juillet-août 2005

Auteur
Laboratoire de virologie

Auteur(s) : C. Pallier

Laboratoire de virologie

Rubrique coordonnée par D. Challine<dominique.challine@hmn.aphp.fr>

Le parvovirus simien (SPV), isolé la première fois en 1994 de macaques cynomolgus, présente de nombreuses similitudes avec le virus humain B19 en termes d’organisation génomique, de tropisme et de pathologie. Il est d’ailleurs classé dans le genre Erythrovirus et les singes infectés par ce virus pourraient constituer le seul modèle animal pour les infections humaines par le B19.

Afin d’évaluer le risque d’infection de l’homme par le SPV, Brown et al. ont déterminé la prévalence des anticorps anti‐B19 et anti‐SPV chez des soigneurs de singes et chez des donneurs de sang. Les anticorps anti‐B19 ont été détectés à l’aide d’un Elisa commercial et les auteurs ont mis au point un western‐blot utilisant la protéine majeure de capside VP2 du SPV exprimée chez E. coli pour rechercher les anticorps anti‐SPV. Bien que des réactions croisées entre les anticorps anti‐B19 et anti‐SPV soient possibles, il existe une corrélation entre le degré d’exposition aux macaques et la présence d’anticorps anti‐SPV. Les auteurs ont ensuite montré que le SPV semble utiliser l’antigène P de groupe sanguin, récepteur cellulaire du virus B19, pour pénétrer dans les cellules permissives. En effet, des pseudo‐particules virales constituées de la seule protéine de capside VP2 du SPV produite en système baculovirus hémagglutinent des cellules humaines, propriété inhibée par l’addition de globoside. Ils ont enfin infecté des cellules primaires provenant de moelle osseuse humaine. Cette infection, certes peu productive, se traduit par une diminution du nombre des précurseurs érythroïdes. Il apparaît donc que les BFU‐E humaines permettent la réplication du SPV.

Si les auteurs n’ont pas précisément démontré que le SPV est capable d’infecter l’homme, l’ensemble de leurs résultats suggère qu’une zoonose est toutefois envisageable. Néanmoins, il est probable que l’infection du sujet sain par le SPV est modérée et que les personnes déjà immunisées contre le B19 sont protégées. En revanche, les conséquences seraient sans doute plus fâcheuses chez les sujets immunodéprimés et chez les femmes enceintes séronégatifs pour le B19. Les risques sont également à connaître en cas de transfusion sanguine à partir d’un donneur en phase virémique ou de xénotransplantation d’organes de primates non humains infectés à l’homme.

Référence

1 . Brown KE et al. Simian Parvovirus infection : a potential zoonosis. J Inf Dis 2004 ; 190 : 1900‐7. CHU de Bicêtre