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Revue de neuropsychologie

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Prise de décision dans le vieillissement normal et pathologique Volume 5, numéro 2, Avril-Mai-Juin 2013

Auteurs
Centre hospitalier du Val-d’Ariège, laboratoire Epsylon, EA 4556, consultation mémoire, Foix, France, CHU Gui-de-Chauliac, service universitaire de neurologie, Inserm U 1061, laboratoire Epsylon, EA 4556, Montpellier, France, Université Paul-Valéry, Montpellier III, CHU La Colombière, service universitaire de psychiatrie, laboratoire Epsylon, EA 4556, Montpellier, France, Université Paul-Valéry, Montpellier III, laboratoire Epsylon, EA 4556, site Saint-Charles, route de Mende, 34999 Montpellier cedex 5, France

Savoir prendre de bonnes décisions (dans son intérêt ou celui de ses proches) relève d’une faculté indispensable à notre adaptation, notre autonomie, voire notre survie. Pour autant, cette aptitude n’est pas aisée car la prise de décision est une faculté complexe, composite, qui s’avère particulièrement sensible aux effets de l’avancée en âge. Deux modalités de prise de décision sont distinguées : la prise de décision sous ambiguïté, lorsque la probabilité du résultat est ignorée et la prise de décision sous risque, lorsque les conséquences et leurs probabilités sont connues. Cette revue de la littérature présente les effets du vieillissement normal et pathologique sur ces deux modalités décisionnelles. Dans le vieillissement cérébral/cognitif dit normal, la diminution des aptitudes en prise de décision s’explique principalement par le déclin exécutif lié à l’âge, la modalité prise de décision sous risque paraissant mieux préservée. Au cours du vieillissement cérébral/cognitif dit pathologique, la localisation des lésions anatomiques joue un rôle prégnant sur le type de troubles décisionnels. Ainsi, les lésions frontales et/ou sous-corticofrontales conduisent à une prise de risque majeure, surtout en condition ambiguë. Les lésions frontales affectent le rôle des renforcements utiles à la prise de décision sous ambiguïté, en entravant la connaissance de la probabilité du résultat. Les dysfonctionnements exécutifs et la dégradation du système de récompense altèrent la prise de décision sous risque, empêchant l’anticipation des conséquences et la connaissance des probabilités sur le résultat. Les lésions temporales ou temporofrontales affectent les deux conditions décisionnelles. Ici, l’altération de la prise de décision sous ambiguïté paraît liée aux difficultés à apprendre par « feed-back » afin d’estimer correctement la probabilité du résultat. La détérioration de la prise de décision sous risque s’explique par l’incapacité à apprécier correctement les probabilités des conséquences. Ces données soulignent la complexité et la variété des mécanismes et des processus mis en jeu lors des activités de prise de décision. Elles permettent aussi d’expliquer les dissociations observées en fonction de type de lésions cérébrales relevées dans la cadre du vieillissement normal et pathologique.