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Hématologie

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Spectre des proliférations LGL et nouveaux concepts physiopathogéniques Volume 5, numéro 4, Juillet - Août 1999

Auteurs

Les syndromes lymphoprolifératifs à grands lymphocytes à grains (LGL dans la détermination anglo-saxonne) sont représentés par deux principaux sous-types immunologiques, T/CD3+ et NK/CD3-. Les leucémies LGL CD3+ sont les plus fréquentes et touchent essentiellement les sujets âgés de plus de 60 ans. Environ 60 % des patients sont symptomatiques lors du diagnostic. Les infections récividantes secondaires à une neutropénie chronique, l’anémie et la polyarthrite rhumatoïde en sont les principales manifestations. Le phénotype CD3+, alphabeta+, CD8+, CD57+ est le plus communément observé. Le caractère monoclonal de l’expansion de LGL est attesté par la mise en évidence d’un réarrangement du TCR et le terme leucémie identifie des proliférations envahissant le foie, la rate et la moelle osseuse. Les syndromes lymphoprolifératifs LGL de phénotype NK incluent les leucémies NK qui sont caractérisées par une grande agressivité clinique et les lymphocytoses NK chroniques d’évolution quiescente. La pathogénie de la maladie pourrait reposer sur trois étapes essentielles : 1) Il existe une séro-réactivité vis-à-vis d’un épitope (BA21), spécifique de la protéine env p21e de l’HTLV-I chez plus de la moitié des patients, suggérant l’hypothèse qu’une protéine rétrovirale pourrait jouer un rôle initiateur de l’expansion tumorale. 2) L’IL-12 et l’IL-15 pourraient contribuer à faciliter la prolifération leucémique. 3) Il existe une résistante des cellules leucémiques LGL (Fas+) à l’induction de l’apoptose médiée par la voie de Fas/Fas-L. La sécrétion élevée de Fas-L soluble, observée dans la majorité des cas, pourrait expliquer la neutropénie. Des rémissions cliniques et même moléculaires ont été observées après traitement par de faibles doses de méthotrexate. D’autres molécules comme le cyclophosphamide, la 2CDA et la cyclosporine, donnent des résultats intéressants. Les cellules leucémiques LGL expriment un phénotype de résistance multiple aux drogues (MDR) et notamment les protéines PgP et LRP, ce qui pourrait contribuer à la résistance à la chimiothérapie observée dans les formes très agressives. Les leucémies LGL peuvent être considérées comme un modèle clinique de dysrégulation de l’apoptose conduisant à générer à la fois une maladie maligne et auto-immune.