JLE

Hématologie

MENU

Actualités et perspectives dans l’utilisation des produits issus du sang et leurs enjeux éthiques : une réflexion de la commission d’éthique de l’Institut national de la transfusion sanguine Volume 24, numéro 3, Mai-Juin 2018

Auteurs
1 Institut national de la transfusion sanguine, Paris, France
2 Université de Lyon/Saint-Étienne, faculté de médecine de Saint-Étienne, EA-3064, Saint-Étienne, France
3 Personnalité qualifiée, hématologie clinique, Libourne, France
4 Établissement français du sang, La Plaine-Stade de France, France
5 Personnalité qualifiée, hématologie clinique, Paris, France
6 Université Paris-Descartes, faculté de médecine, laboratoire d’éthique médicale, Paris, EA-4569, France
7 Fédération française pour le don de sang bénévole, Paris, France
8 Inserm, UMR-1134, Paris, France
9 Faculté de médecine et de biologie, Lausanne, Suisse
* Tirés à part

La commission d’éthique de l’Institut national de la transfusion sanguine a réfléchi sur l’état de lieux et la prospective de la collecte et de l’utilisation des produits sanguins destinés à être transfusés soit sous la forme de produits sanguins labiles (PSL) soit administrés sous la forme de médicaments dérivés du sang (essentiellement du plasma) (MDS). En France, la collecte tant de sang (ou de ses composés) pour produire des PSL que de plasma destiné au fractionnement en MDS repose sur le don ; ce don est consenti de façon bénévole, volontaire et anonyme, et ne doit pas générer de profit, tant pour le donneur que pour le collecteur. La demande en PSL tend à décroître au niveau mondial dans les pays de forte économie, comme la France ; cela étant, les profondes modifications sociétales font que la candidature au don spontanée semble ne pas suffire à permettre l’autosuffisance nationale sauf à être stimulée par des actions de promotion. La commission indique les points de vigilance qu’elle considère comme sensibles sur le plan de la promotion et des techniques de stimulation de ce secteur non commercial mais auquel tendent à être appliquées des techniques développées pour le secteur commercial. Cela est encore plus sensible pour la collecte de plasma dit source pour le fractionnement ; si, en France, tout le plasma collecté l’est selon les mêmes critères éthiques que le sang pour usage de PSL, cette situation n’est pas le modèle le plus répandu car s’applique dans ce domaine la loi du marché, que permet – voire qu’impose – en particulier la directive européenne régissant le statut des MDS. La mondialisation du marché du plasma en vue d’en faire des MDS, soutenue par la plupart des industries du secteur, questionne l’éthicité de la collecte. En contrepoint de l’offre (en l’occurrence de produits sanguins ou dérivés) est la demande ; si elle décroît de façon quantitative pour le principal composé (les concentrés érythrocytaires), elle s’accroît de façon qualitative sur les phénotypes, posant de nouvelles questions éthiques. De plus, certaines indications médicales sont non conformes aux principales recommandations (ou autorisations de mise sur le marché [AMM] pour les MDS) : certaines se justifient par une avancée plus rapide des progrès scientifiques que de la révision des indications, et d’autres semblent plus expérimentales. La commission a ainsi recensé des sujets méritant d’être régulièrement examinés sur le plan de l’éthique du don ou de la collecte et de la justice distributive pour les patients, en parallèle de ce que peuvent faire les sociétés savantes sur la justesse des indications et des prescriptions.