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Hématologie

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Glycosylation des régions variables du récepteur du lymphocyte B pour l’antigène : une étape clé dans l’oncogenèse des lymphomes folliculaires ? Volume 13, numéro 1, Janvier-Février 2007

Auteurs
Département d’hématologie clinique, Centre Henri-Becquerel, 76000 Rouen, France, Laboratoire de génétique oncologique et EMI 9906-IFRMP n° 23, Groupe d’étude des proliférations lymphoïdes Centre Henri Becquerel, Rouen, France, CNRS-UMR 6037, IFRMP n° 23, GDR G3, Université de Rouen, 76821 Mont Saint Aignan Cedex, France

Les lymphomes folliculaires sont caractérisés par la translocation t(14;18)(q32;q21). Si cet événement génétique est nécessaire pour la transformation tumorale du lymphocyte, il est à lui seul insuffisant et doit s’associer à des altérations génétiques secondaires. Le processus de mutation somatique, activé lors du passage du lymphocyte B dans le centre germinatif, pourrait être l’un des mécanismes à l’origine d’événements génétiques secondaires. Il conduit à l’introduction de mutations ponctuelles dans les régions variables (V) des gènes d’immunoglobulines. Ces mutations sont à l’origine de l’acquisition de sites de N-glycosylation de manière quasi universelle dans les lymphomes folliculaires et pourraient jouer un rôle déterminant dans l’oncogenèse de ces lymphomes. Ces sites de type asparagine-X-sérine/thréonine (N-X-S/T) sont également observés dans 40 % des lymphomes diffus et 80 % des lymphomes de Burkitt. Ils sont en revanche présents dans moins de 10 % de la population lymphocytaire B normale, dans 13 % des leucémies lymphoïdes chroniques et dans 9 % des lymphomes du MALT, indiquant une sélection positive de ces motifs dans les cellules tumorales de certains sous-types de lymphomes. Les sites sont localisés dans 90 % des cas au niveau des régions hypervariables en contact avec l’antigène (CDR) et sont le plus souvent la conséquence de la mutation d’un seul nucléotide au niveau du codon 1. Le CDR2 est la localisation la plus fréquente, mais des sites de N-glycosylation sont également observés dans la région aminoterminale du CDR3, suggérant qu’ils ont pu apparaître précocement durant l’ontogénie des lymphocytes B, lors de la recombinaison V HDJ H et de la N-addition. Ces sites sont glycosylés in vivo mais la nature/structure exacte des N-glycanes est encore indéterminée. Il est probable que ces oligosaccharides exprimés à la surface du lymphocyte B interagissent avec des lectines, protéines ayant la capacité de traduire l’information biologique codifiée dans la structure tridimensionnelle des sucres, et favoriser la survie cellulaire. Le blocage des voies biochimiques impliquées dans la glycosylation par des agents pharmacologiques pourrait constituer une nouvelle approche thérapeutique dans les lymphomes exprimant une immunoglobuline de surface glycosylée.