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La protection myocardique endogène Volume 8, numéro 4, Avril 1996

Auteur
service de chirurgie cardiovasculaire et Inserm U. 127, hôpital Lariboisière, 2, rue Ambroise-Paré, 75475 Paris Cedex 10.

La protection myocardique endogène correspond au mécanisme d’autodéfense naturellement mis en jeu par le cœur lorsqu’il est soumis à une agression ischémique. L’aspect le mieux caractérisé de ce mécanisme est le préconditionnement, phénomène qui permet à un épisode bref d’ischémie réversible d’améliorer la tolérance du myocarde à un épisode ultérieur d’ischémie prolongée. Cette protection se manifeste avant tout par une réduction de taille de l’infarctus, l’amélioration de la fonction contractile parfois observée n’en étant qu’une conséquence. Si, pendant longtemps, on a cru que la protection imputable au préconditionnement était avant tout précoce, c’est-à-dire manifeste au plus tard 2 heures après l’épisode préconditionnant initial, on sait aujourd’hui qu’il existe également une protection différée qui s’exprime environ 24 heures plus tard. La protection précoce semble faire intervenir, avant tout, une activation des récepteurs de membrane, notamment ceux de l’adénosine, qui déclencherait une chaîne de signalisation intracellulaire, dont le médiateur principal serait la protéine kinase C, et qui aurait, entre autres effecteurs, les canaux potassiques ATP-dépendants. La protection différée, elle, paraît davantage impliquer des modifications de l’expression du génome cardiaque conduisant à la synthèse de protéines, dites de stress, qui sont douées de propriétés cardioprotectrices. L’intérêt principal de l’étude de ces mécanismes endogènes d’autodéfense réside, sans doute, dans l’identification de leurs médiateurs pharmacologiques, dont l’utilisation pourrait ouvrir des perspectives nouvelles dans le traitement des syndromes ischémiques.