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Science et changements planétaires / Sécheresse

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Variabilité climatique et transport de matières en suspension sur le bassin de Mayo-Tsanaga (Extrême-Nord Cameroun) Volume 20, numéro 1, janvier-février-mars 2009

Auteurs
Département des sciences de la terre Université de Yaoundé-I BP 812 Yaoundé Cameroun, IRD UMR hydrosciences Montpellier BP 64 501 34394 Montpellier cedex 05 France

Compte tenu des connaissances acquises sur la variabilité des pluies et des écoulements en Afrique, il est intéressant d’étudier leur répercussion sur la qualité des transports de matières, notamment les matières en suspension (MES). Pour la plupart des cours d’eau, cette analyse se heurte à la disponibilité et à la longueur des séries de données sur les MES ; d’autant plus que des mesures systématiques en continu des exportations de matières nécessitent de longues et pénibles opérations de terrain et de laboratoire. Toutefois, à l’Extrême-Nord Cameroun, le petit bassin du Mayo-Tsanaga, d’une superficie de 1 535 km 2, a bénéficié de programmes de recherche successifs qui ont permis de suivre ce bassin à différentes périodes et de disposer maintenant de quatre séquences de données sur les MES (1968-1969, 1973, 1985-1986 et 2002-2004). L’analyse des écoulements montre que les débits sont passés d’une moyenne de 8,7 m 3/s, à la fin des années 1960, à 3,6 m 3/s au début de la décennie 2000, soit une diminution supérieure à 50 %. Dans le même temps, les valeurs des concentrations moyennes de MES ont varié dans le sens inverse, passant de 1 088 à 2 100 mg/L, avec un maximum de 3 027 mg/L observé en 2003. Cependant, les flux de matières ne suivent pas la tendance des concentrations et restent globalement constants, combinaison de concentrations élevées avec des débits faibles. Ces analyses renseignent dans le contexte actuel de sécheresse, sur la dégradation importante du milieu, avec des répercussions sur les transports de MES. L’augmentation des concentrations indique une mise à disposition sur les versants de quantités plus élevées de MES. Mais les quantités de MES transportées restent à peu près les mêmes que celles d’avant la sécheresse, du fait de la faiblesse des écoulements.