JLE

Science et changements planétaires / Sécheresse

MENU

Évolution des risques agroclimatiques associés aux tendances récentes du régime pluviométrique en Afrique de l’Ouest soudano-sahélienne Volume 24, numéro 4, Octobre-Novembre-Décembre 2013

Auteurs
Centre régional Agrhymet BP 11011 Boulevard de l’Université Niamey Niger

Dans le contexte actuel de changement climatique, la veille agro-hydro-météorologique des régions semi-arides doit être améliorée et renforcée. L’objectif de ce travail est d’utiliser des données observées en station pour identifier l’évolution spatio-temporelle des risques agroclimatiques associés aux grandes tendances du régime pluviométrique dans la bande soudano-sahélienne élargie aux parties nord de certains pays côtiers de l’Afrique de l’Ouest (Bénin, Togo, Nigeria). Les résultats montrent que sur la période 1950-2010, l’évolution du régime pluviométrique est en trois phases quasi identiques sur les cumuls (Cum), l’intensité du cumul sur trois jours consécutifs (Px3), et les longueurs de saison culturale (LSC) par rapport à la normale 1961-1990. À savoir : i) une période d’excédents de Cum et Px3 avec des LSC plus importantes (1950-1969) ; ii) une période de déficits de Cum et Px3 avec des LSC plus courtes (1970-1990) ; et iii) la période récente dont les Cum, Px3 et LSC sont très variables (1991-2010). Cependant, les dates de démarrage des saisons montrent une tendance quasi stationnaire, de 1970 à 2010. Les risques agroclimatiques de resemis, de stress post-floraison et d’occurrence de faux départs et de fins précoces des saisons des pluies sont liés aux périodes de sécheresse historique, en particulier pendant les deux dernières décennies. L’occurrence des faux départs et des fins précoces de la saison des pluies rend la distribution des événements pluvieux peu profitable à la croissance des cultures. En effet, cette distribution est bien corrélée aux déficits pluviométriques observés dans la région. Ces résultats statistiquement significatifs permettent de poser deux hypothèses majeures dans le contexte du changement du régime des pluies : i) les risques agroclimatiques de la période 1991-2010 sont restés similaires à ceux de la période de sécheresse historique 1970-1990 ; ii) les années humides sont associées à des vagues d’événements de faux départs observés de manière précoce dans la première décade de juin ou avant. À chaque fois que des faux départs (fins précoces) sont observés au-delà de la première décade de juin (avant fin septembre), le cumul de cette saison sera très probablement inférieur aux normales 1961-1990 et 1981-2010. Ces hypothèses peuvent servir d’éléments de renforcement des techniques utilisées dans la prévision saisonnière de la pluie et la veille agroclimatique dans la région.