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Cahiers d'études et de recherches francophones / Santé

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Réflexions sur la transfusion sanguine en Afrique au temps de l’épidémie de sida. État des lieux et perspectives en Côte-d’Ivoire Volume 4, numéro 1, Janvier-Février 1994

Auteurs
mission de coopération et d’action culturelle, 01 BP 1839, Abidjan 01, Côte-d’Ivoire, association européenne pour le développement et la santé, 18 BP 893, Abidjan 18, Côte-d’Ivoire, centre national de transfusion sanguine, 18 BP 893, Abidjan 18, Côte-d’Ivoire.
  • Page(s) : 37-42
  • Année de parution : 1994

La transmission sexuelle du VIH a toujours été considérée comme prédominante sur les autres modes de contamination en Afrique. Sans nier la nécessité de mobiliser financements et acteurs de santé vers l’élaboration de stratégies de communication efficaces pour lutter contre la transmission sexuelle du virus sur ce continent, nous pensons que l’insécurité transfusionnelle vis-à-vis de l’infection à VIH, de la syphilis ou de l’hépatite virale B en Afrique mérite cependant plus d’attention de la part des programmes nationaux de lutte contre le sida, des autres programmes de santé et des organismes internationaux. En effet, nous rappelons la possibilité de mettre en œuvre ici des mesures de prévention immédiatement efficaces. En présentant une synthèse de quelques données dont nous disposons pour la Côte-d’Ivoire, le Zaïre et le Kenya, notre objectif est de sensibiliser davantage les autorités sanitaires sur les conditions de la transfusion dans leur pays. Les anémies hémolytiques liées aux crises de paludisme semblent être de loin le motif de transfusion majeur et concernent des enfants de moins de 5 ans, voire de moins de 3 ans. Le taux de séroconversion VIH des enfants impaludés, malnutris ou drépanocytaires, transfusés à répétition lors de séjours hospitaliers successifs, est lié au nombre de transfusions reçues. Les banques de sang et le dépistage sérologique ne sont pas accessibles partout, ni géographiquement ni financièrement, surtout en zone rurale. Lorsque le test de dépistage peut être effectué avant la transfusion, il persiste un risque résiduel de transmission du VIH par transfusion qui reste élevé (près de 1 % en Côte-d’Ivoire), ceci du fait de la séroprévalence élevée chez les donneurs de sang et du nombre important d’actes de transfusion. Nous insistons ici sur la nécessité de rendre effective la prévention des anémies et du risque hémorragique en Afrique, de définir des critères cliniques et biologiques précis d’indications de la prescription de transfusion, et de former rapidement le personnel soignant aux solutions de remplacement de la transfusion sanguine et aux techniques d’économie de sang à tous les niveaux du système de soins, pour atténuer la transmission du VIH, notamment en milieu pédiatrique et obstétrical africain.