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Cahiers d'études et de recherches francophones / Santé

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Les affections oculaires cécitantes du sujet en âge d’activité professionnelle : Institut d’ophtalmologie tropicale de l’Afrique (IOTA, Bamako, Mali) Volume 15, numéro 4, Octobre-Novembre-Décembre 2005

Auteurs
Institut d’ophtalmologie tropicale de l’Afrique (IOTA), 248 Bamako, Bamako Mali

L’objectif de notre travail était de déterminer les différents groupes d’affections oculaires responsables de basse vision ou de cécité chez les sujets en âge d’activité professionnelle, consultant à l’Institut d’ophtalmologie tropicale de l’Afrique (IOTA) à Bamako, au Mali. Méthodes : étude prospective qui s’étendait du 1 er février au 8 avril 2003 à l’IOTA. Tous les nouveaux patients âgés de 18 à 50 ans exerçant ou non un métier étaient inclus, élèves et étudiants étant exclus de l’étude. Résultats : huit cent vingt-huit patients avaient été recrutés, dont 384 hommes (46,4 %) et 444 femmes (53,6 %), soit un sex ratio de 1,15 en faveur des femmes. L’âge moyen était de 35,7 ans. Le taux de cécité binoculaire était de 5,8 %, le taux de basse vision de 8,5 %, celui de la cécité monoculaire de 11,5 %. Hommes et femmes étaient indifféremment atteints par la cécité binoculaire (p = 0,77), ou par la basse vision (p = 0,24), les hommes étant plus touchés par la cécité monoculaire (67,4 %) que les femmes (32,6 %) ; p = 0,01. La fréquence de la cécité binoculaire et de la basse vision augmentait avec l’âge, la cécité monoculaire affectait tous les âges confondus. Toutes les ethnies étaient indifféremment touchées par la cécité et la basse vision. Les ménagères, cultivateurs et manœuvres ouvriers, pour la plupart analphabètes, étaient aux premiers rangs des cécités et des basses visions. Les causes majeures de cécité binoculaire étaient la cataracte 29,2 %, le glaucome 22,9 %, le trachome 14,6 %, les manifestations oculaires liées au VIH/sida 8,3 %, les neuropathies optiques non glaucomateuses 8,3 %. Quelque 50,5 % des cécités monoculaires étaient dues aux traumatismes oculaires. Cinq cas de cécité monoculaire étaient liés au VIH/sida (5,3 %). Les basses visions étaient dues aux vices de réfraction 22,9 %, à la cataracte 17,2 %, au trachome 15,7 %, au glaucome 10 %, aux opacités cornéennes 5,7 %. Discussion : les taux élevés de cécités et de basses visions sont en fait le reflet du lieu de l’étude, un centre de référence dont l’effectif était composé uniquement de patients ayant des problèmes de vision. Les causes de cécité et de basse vision sont restées les mêmes, en dehors des manifestations oculaires liées au VIH/sida qui, par l’indisponibilité des traitements antiviraux au sud du Sahara, seraient en train de talonner les plus grandes causes de cécité, et pourraient modifier les données épidémiologiques de la cécité si rien n’est fait pour stopper la pandémie. Conclusion : cécité et déficience visuelle, problèmes de santé publique, resteront une charge socio-économique importante en Afrique subsaharienne et pourraient même freiner le progrès dans certains pays à faibles revenus.