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Médecine thérapeutique / Pédiatrie

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Infections nosocomiales néonatales Volume 2, numéro 2, Mars - Avril 1999

Auteurs

Les infections nosocomiales représentent un problème majeur de santé publique. Elles induisent une morbidité importante, une surmortalité non négligeable et des coûts importants [1]. Elles sont la contrepartie des progrès réalisés en médecine : prise en charge de patients à l’état de plus en plus grave, techniques de soins invasives. Par ailleurs, une utilisation peu contrôlée d’antibiotiques à large spectre a favorisé l’émergence de bactéries très résistantes qui placent le traitement de certaines infections dans de véritables impasses thérapeutiques [2]. Enfin, les infections nosocomiales à germes multirésistants sont corrélées à la transmission croisée, d’un malade à l’autre, et sont le reflet de la qualité des soins [3]. Les infections nosocomiales en période néonatale se développent chez un enfant âgé de plus de 2 jours, généralement hospitalisé en unité de soins intensifs mais, parfois, en pédiatrie néonatale ou dans une maternité. Les données concernant les infections nosocomiales en néonatologie étaient, encore récemment, fragmentaires, hétérogènes et imprécises en raison de l’impossibilité d’une simple transposition au nouveau-né des critères diagnostiques définis pour l’adulte et des difficultés de reconnaissance de la responsabilité des staphylocoques à coagulase négative. En réanimation néonatale, le taux d’incidence des infections nosocomiales, estimé entre 5,9 et 30,4 % aux États-Unis, a été récemment chiffré à 7,2 % dans une enquête prospective française étudiant les nouveau-nés des services de réanimation néonatale « pure » et de réanimation néonatale pédiatrique. Les septicémies associées aux cathéters veineux centraux et les pneumopathies représentent respectivement 53,4 et 38,9 % de ces infections. Chez le nouveau-né en réanimation, les infections nosocomiales sont avant tout de cause bactérienne où prédominent les staphylocoques à coagulase négative, incriminés dans 45 à 65 % des septicémies, ce chiffre s’élevant à 80 % si l’infection est associée à la présence d’un cathéter central. Ces souches sont multirésistantes dans 75 à 90 % des cas. S. aureus, E. coli, P. aeruginosa et les entérobactéries isolées en milieu hospitalier (Enterobacter, Serratia...) représentent environ de 15 à 25 % des germes responsables des infections nosocomiales. Compte tenu de ces données épidémiologiques générales et spécifiques à chaque unité de soins, l’antibiothérapie probabiliste associe généralement un glycopeptide, un aminoside et une bêta-lactamine active sur les entérobactéries dites hospitalières et P. aeruginosa. La physiopathologie des infections néonatales et les facteurs de risque sont très spécifiques. Le nouveau-né, notamment de très faible poids de naissance, cumule tous les risques : sonde d’intubation trachéale et, surtout, cathéter veineux central, hospitalisation prolongée, antibiothérapie à large spectre et immaturité des défenses immunitaires. En dehors des services de réanimation, les données concernant les infections nosocomiales bactériennes chez les nouveau-nés sont à ce jour encore très imprécises car intriquées au sein de spécialités telles que la chirurgie pédiatrique, l’hémato-immunologie et l’oncologie pédiatriques, ou au sein de services de pédiatrie générale ne séparant pas très précisément les nouveau-nés des enfants plus âgés. Cependant, dans un hôpital pédiatrique de Toronto, la comparaison du secteur réanimation néonatale à celui de la néonatologie a permis d’observer des taux d’incidence moyens respectivement de 14 et 6 %. Globalement, chez les nouveau-nés prématurés porteurs de cathéter veineux central, les données se rapprochent de celles des services de réanimation néonatale. Dans les structures accueillant des nouveau-nés à terme, les principales infections nosocomiales identifiées sont bactériennes mais aussi virales (virus syncytial respiratoire, rotavirus). Cependant, si des données chiffrées concernant les infections nosocomiales virales en pédiatrie existent, aucun résultat permettant de connaître leur proportion au sein des infections nosocomiales chez le nouveau-né n’est actuellement disponible. En raison de la sévérité des infections nosocomiales en néonatologie et, plus précisément, en réanimation néonatale, l’application de mesures préventives est primordiale, tels le respect scrupuleux des règles d’hygiène, l’homogénéisation des procédures de soins, la reconnaissance et la maîtrise des épidémies.