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Médecine thérapeutique

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Intoxication aiguë par la chloroquine Volume 5, numéro 1, Janvier 1999

Auteurs

La chloroquine est un antipaludéen de synthèse, proche des quinidiniques. La voie orale est utilisée dans le traitement prophylactique du paludisme, la voie intraveineuse dans le traitement curatif de l’accès palustre. La toxicité de doses suprathérapeutiques de chloroquine est importante et le nombre d’intoxications aiguës à la chloroquine ne cesse d’augmenter [1-3]. La multiplication des suicides à la chloroquine est expliquée par la facilité d’obtention sans ordonnance de ce médicament, son stockage fréquent dans la pharmacie familiale et son conditionnement (1 boîte = 100 comprimés = 10 g de chloroquine, soit 2 fois la dose mortelle théorique pour un adulte). En France, la publication d’un ouvrage de "recettes" pour réussir son suicide [4] est probablement responsable de l’augmentation de l’incidence des intoxications graves par la chloroquine constatée par le Centre antipoisons de Paris depuis 1982 [5], date de la publication de ce livre. A Paris, les trois quarts des patients ayant ingéré de fortes doses de chloroquine avec des visées suicidaires reconnaissaient avoir lu le livre Suicide mode d’emploi [6]. L’incidence de l’intoxication à la chloroquine est faible parmi les intoxications médicamenteuses volontaires en France, toutefois elle a représenté une part importante des décès dus à des intoxications. Ces intoxications sont redoutables en raison de la précocité et de la gravité des troubles cardio-vasculaires qui apparaissent entre 1 et 3 heures après l’ingestion de chloroquine. Cependant, le pronostic des intoxications sévères par la chloroquine a été considérablement modifié et la mortalité a diminué de façon considérable [6].