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Revue de neuropsychologie

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La prise de décision affective chez l’enfant Volume 5, numéro 2, Avril-Mai-Juin 2013

Auteurs
Universités Angers-Nantes, faculté des lettres, langues et sciences humaines, laboratoire de psychologie des Pays de la Loire, LUNAM, EA4638, 11, boulevard Lavoisier, 49045 Angers cedex 01, France, CHU de Nantes, hôpital Mère-Enfant, Centre de compétence nantais de neurofibromatose, Centre référent du langage, unité pédiatrique des troubles d’apprentissage, 44093 Nantes Cedex 1, France

Les capacités de prise de décision affective (PDA), telles qu’elles sont évaluées à travers l’Iowa Gambling Task (IGT), constituent un domaine de recherche pour lequel l’émergence des travaux a connu un essor récent auprès de la population pédiatrique, en lien avec les enjeux théoriques et cliniques qui en découlent. Dans ce contexte, différentes adaptations de l’épreuve originale de l’IGT ont proliféré sur la base de modifications ergonomiques et procédurales visant à rendre la tâche accessible aux enfants (les plus jeunes en particulier), mais aussi à manipuler certains paramètres susceptibles d’expliquer le comportement tels que la fréquence ou l’amplitude des pertes. L’utilisation de ces outils, qui sont déclinés dans la première partie de cet article de synthèse, a permis de mettre en évidence un développement à la fois précoce et prolongé de la PDA au décours de l’enfance. Il peut être partiellement rapproché du comportement des patients adultes cérébrolésés. Par ailleurs, l’émergence progressive des capacités de PDA semble conditionnée par certains facteurs, tels que le genre ou les habiletés de verbalisation, et se manifeste par des patterns de réponse qui pourraient être spécifiques de l’enfance. Ces éléments développementaux et théoriques sont résumés dans la deuxième partie de l’article, qui examine également les arguments favorisant l’idée prédominante, bien que controversée, que la PDA et les aspects cognitifs des fonctions exécutives n’entretiennent pas de relations étroites au décours du développement. Cette question sera prolongée dans la dernière partie de l’article, à travers les arguments issus de différents contextes cliniques pour lesquels un développement atypique de la PDA a été décrit. Si elles alimentent l’hypothèse d’une atteinte congénitale ou acquise sous-jacente des circuits fronto-sous-corticaux, les manifestations associées à une perturbation de la PDA ainsi que leurs liens avec la symptomatologie dysexécutive observée chez l’enfant restent à délimiter plus précisément.