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Médecine

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Quelles sont les principales composantes de l’effet placebo ? Volume 4, numéro 7, Septembre 2008

Auteurs

En apprécier la nature et l'importance relative était le but de cet essai randomisé en simple aveugle américain.

L'essai concernait 262 adultes (âge moyen 39 ans, 76 % de femmes) atteints d'un syndrome de côlon irritable (défini selon les critères de Rome II, avec un score >= 150 sur l'échelle de sévérité des symptômes). Pendant 3 semaines, un 1er groupe a été mis sur liste d'attente (1re composante de l'effet placebo : évaluation/observation), le second sous acupuncture-placebo seule (seconde composante : rituel thérapeutique), le 3e également mais avec une relation praticien- patient chaleureuse (3e composante : la relation médecin-patient). Les 3 semaines suivantes, la moitié des patients a été tirée au sort pour continuer dans son groupe d'origine. Les critères principaux étaient l'amélioration du score de qualité de vie évalué de 1 à 7 selon l'échelle Global improvment score( GIS) et le soulagement des symptômes. À 3 semaines, le GIS était respectivement dans les 3 groupes de 3,8, 4,3 et 5,0 (p < 0,001). Les résultats étaient similaires pour l'amélioration des symptômes, leur score de sévérité, et la qualité de la vie, différences toutes significatives, et confirmées à la fin des 6 semaines. La qualité de la relation médecin-patient apparaissait comme la composante la plus robuste de l'effet placebo.

Drossman DA, Goldman P, Lembo AJ, Nguyen T, Park M, Rivers AL et al. Components of placebo effect: randomised controlled trial in patients with irritable bowel syndrome. BMJ. 2008;336;999-1003.

Pittrof R, Rubinstein I. The thinking doctor's guide to placebos. BMJ. 2008;336:1020

Les questions que se pose la rédaction !

* Cette étude quantifie des données connues sur l'effet placebo : on pouvait s'en douter, mais il apparaît clairement ici que le « rituel thérapeutique » qu'est l'acupuncture « placebo » (ailleurs appelée Sham acupuncture ou acupuncture « fantôme ») a un modeste bénéfice par rapport à la simple liste d'attente, et que c'est surtout le médecin qui est le placebo, comme le disait si bien Balint...

* L'éditorial qui accompagne l'article précise les conditions d'une utilisation rationnelle et éthique de l'effet placebo : que ce soit en pleine connaissance de la part du médecin, mais aussi du patient, en dehors de l'existence d'un traitement reconnu comme « gold standard ». Le premier principe reste celui de l'autonomie du patient.