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Les cancers aujourd’hui en France Volume 6, numéro 5, Mai 2010

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Les épidémiologistes ont comparé les projections françaises pour l’année 2009 (à partir des données de mortalité 2007 du CépiDc de l’Inserm) aux données américaines.

En France, 29 % des décès sont dus au cancer (1 homme sur 3, 89 100 en 2007 ; 1 femme sur 4, 60 600 en 2007) vs 23 % aux États-Unis (pas de différence entre les sexes). La mortalité par cancer diminue d’environ 2 % par an dans les deux pays. La mortalité par cancer du poumon (90/100 000 aux USA vs 73 en France) décroît chez l’homme de 1,0 % par an depuis 1995 en France et de 1,9 % par an depuis 1991 aux États- Unis et augmente en France chez la femme (11 % des décès par cancers pour l’année 2007), alors qu’elle se stabilise aux États-Unis. Elle est due principalement au tabac. La mortalité par cancer de la prostate décroît en France et aux États-Unis d’un peu plus de 4 % par an, malgré « l’épidémie » observée depuis l’ère PSA, probablement grâce à l’usage intensifié de traitements curatifs associés à une hormonothérapie. Elle reste en 2006 plus élevée en France qu’aux États-Unis (29 vs 24 pour 100 000). La mortalité par cancer du sein décroît en France de 1,1 % par an depuis 1994 et aux États-Unis de 2,2 % par an depuis 1990. Elle reste en 2006 légèrement plus élevée en France qu’aux États-Unis (27 vs 23 pour 100 000 personnes). La mortalité par cancer des voies aérodigestives supérieures diminue fortement en France depuis 1975, avec une baisse annuelle de 4,4 % depuis 1993, largement attribuable à la réduction de la consommation d’alcool depuis 50 ans (50 g d’alcool pur/j/adulte jusqu’en 1970, 40 en 1984, 30 en 2000, 27 en 2008). Aux États-Unis où la consommation est passée de 23 g/adulte/j en 1980 à 19 g en 2006, la mortalité par cancer des voies aérodigestives supérieures est très faible et diminue régulièrement depuis 1975. En 2006, la mortalité en France est 1,6 fois celle des États- Unis (23 vs 14 pour 100 000). En 2009, le cancer de loin le plus fréquent en France chez l’homme est celui de la prostate (71 000 nouveaux cas, mais 10 % des décès par cancer), loin devant ceux du poumon (25 000 nouveaux cas, mais 25 % des décès) et du côlon-rectum (21 000 ; 10 %) ; chez la femme, le cancer du sein (52 000 ; 20 %), du côlon-rectum (18 500 ; 13 %) et du poumon (9 500 ; 11 %).

Guérin S, Hill C. L’épidémiologie des cancers en France en 2010 : comparaison avec les États-Unis. Bull Cancer. 2010;97:47-54.

Les questions que se pose la rédaction

• Le tableau remarquablement exhaustif dressé par les deux épidémiologistes montre des résultats en progression dans presque tous les cancers, à l’exception notable de la progression du cancer du poumon chez la femme… de presque 5 % par an depuis 2001 ! La lutte contre le tabagisme devrait être une priorité…
• La baisse de mortalité globale résulte principalement de la forte diminution de la consommation d’alcool depuis 1950, mais les Français ont encore des progrès à faire pour rejoindre le niveau des États-Unis.

Mots clés : cancer, épidémiologie