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Dépistage du cancer colorectal : questions essentielles Volume 4, numéro 4, Avril 2008

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Dans une correspondance, deux auteurs (français et canadien) soulignent la nécessité d'une information complète sur la balance bénéfices/risques de ce dépistage. L'auteur d'une précédente mise au point sur ce sujet plaide pour l'optimisme.

Les essais contrôlés ont mis en évidence une diminution de 10 à 20 % de la mortalité par cancer colorectal dans la population dépistée, bénéfice au mieux modeste puisque la borne supérieure de l'intervalle de confiance est proche de 1. Il est également possible qu'il y ait réduction de l'incidence du cancer colorectal par la détection puis l'ablation des adénomes lors des coloscopies effectuées en cas de test positif. La balance bénéfices/risques du dépistage pourrait être énoncée ainsi : sur 10 000 personnes dépistées, ± 1 ou 2 ne mourront pas de cancer colorectal, ± 8 ou 9 en mourront quand même ; chez 10 000 personnes non dépistées, 10 en mourraient. Du fait du dépistage, 200 auront une coloscopie, 1 (sans doute plus) aura à souffrir de divers effets délétères du dépistage moins graves que la mort, et 1 (sans doute moins) décèdera par diverses autres maladies iatrogènes ou non favorisées par le dépistage (accidents de la coloscopie, mauvaise compréhension des limites de ce dépistage, moindre intérêt à la « santé » en général du fait du dépistage, etc.).

Dans sa réponse, JF Bretagne regrette avec les deux auteurs le caractère modeste du bénéfice induit, mais souligne que ce bénéfice n'est pas discutable, et qu'il le serait encore moins avec une participation beaucoup plus importante. Le ratio de 1complication grave pour 100 cancers diagnostiqués après test positif se positionne très favorablement par comparaison à toutes les autres indications de la coloscopie, et la mise en œuvre de nouveaux tests immunologiques devrait améliorer la « rentabilité » du dépistage.


1. Watine JC, Bunting PS. Dépistage de masse du cancer colorectal par recherche de sang dans les selles par test au gaïac : à côté des bénéfices collectifs éventuels, il y a aussi les risques individuels avérés.

2. Bretagne JF. Réponse : un plaidoyer pour l'optimisme. Presse Méd. 2008;37:363-6.

Les questions que se pose la rédaction

* La question du sur-diagnostic et des effets adverses du dépistage se pose donc pour le cancer colorectal comme pour celui du sein, même si c'est avec moins d'acuité.

* On peut toujours regretter que les «gains » ne soient pas aussi importants que souhaitables, mais ils viennent s'ajouter à ceux d'une meilleure prise en charge globale de ce cancer, qui remplit aujourd'hui une bonne partie des lits de soins palliatifs...

* S'il est toujours nécessaire de partager avec nos patients tous les arguments de la balance bénéfices/risques du dépistage, on peut se réjouir des résultats positifs déjà obtenus, en attendant les progrès à venir.