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L'Information Psychiatrique

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La santé mentale à Madagascar Volume 79, numéro 10, Décembre 2003

Auteur
Service de neuropsychiatrie, hôpital Raseta‐Befelatanana (101), Madagascar. E‐mail : marcellinsadrianhotmail.com

Une enquête internationale multicentrique sur la santé mentale a été menée, de 1996 à 2000, pour évaluer la connaissance, l‘attitude et la pratique populaire en cas de maladie, ainsi que la prévalence des troubles en population générale. Elle a inclut les personnes âgées de plus de 14 ans, des deux sexes, habitant les sites concernés par l‘étude : 1799 personnes ont été interviewées par porte à porte, avec un questionnaire anthropologique spécifique et un instrument de dépistage standard. Les Malgaches ont des représentations homogènes du « fou », et à moindre degré du « malade mental ». Pratiquement naïfs à la « chose psychiatrique », ils interprètent différemment les causes et ont des recours non superposables en cas de maladie. Encore très fermement attachés à leur groupe familial, ils paraissent plus tolérants vis‐à‐vis du malade et ont une vision plus optimiste de leur devenir. Bien que le taux de prévalence excessif enregistré à Antananarivo (45,9 % versus 34 % pour l‘ensemble des sites) puisse être en partie attribué à des artefacts méthodologiques, les troubles mentaux posent un véritable problème de santé publique à Madagascar. La dépression, l‘anxiété (avec un taux élevé de troubles paniques) et l‘abus d‘alcool représentent les principales plaintes, mais leur phénoménologie diffère du modèle occidental. Une forme de psychiatrie originale, tenant compte de la culture locale et intégrée à la communauté, s‘avère être la meilleure option.