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L'Information Psychiatrique

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La notion de handicap psychique : un levier politicosocial « à la française » !… Volume 87, numéro 8, Octobre 2011

Auteurs
Maître de conférences en psychologie clinique et en psychopathologie à l’université d’Angers ; membre du laboratoire de psychologie « Processus de pensée et interventions » - Axe « Processus psychiques et santé » (UPRES EA 2646) ; attachée de psychothérapie à l’hôpital Sainte-Anne (CMME – Paris) ; psychanalyste, membre de la société psychanalytique de Paris, 10, rue Francis-de-Pressensé, 75014 Paris, France, Docteur en anthropologie psychanalytique ; ATER en psychologie clinique sociale à l’université d’Angers ; membre du laboratoire de psychologie « Processus de pensée et interventions » - Axe « Processus psychiques et santé » (UPRES EA 2646), MSH, 5 bis, boulevard Lavoisier, 49045 Angers, France, Maître de conférences en psychologie clinique et psychopathologie , IUFM d’Aquitaine, École interne - Université Montesquieu-Bordeaux-IV, 160, avenue de Verdun, BP 90152, 33705 Mérignac Cedex, France ; psychologue clinicienne

C’est un véritable handicap sociétal que le signifiant handicap en vienne à incarner toutes les failles de l’humain et cela est encore plus flagrant dans le champ du handicap psychique. Avec la nouvelle loi française de 2005 sur le handicap, on est passé de l’expression « tire-bouchon » : personnes en situation de handicap du fait de troubles psychiques [1-2] à la condensation handicap psychique. Mine de rien, avec ce raccourci surprenant, c’est bien le psychisme qui (re)devient en lui-même entravant, le handicap se tenant tout compte fait dans le trouble psychique proprement dit. En effet, avec cette alliance de mots à valeur de lapsus : handicap psychique, dont « rien n’est dit, mais tout est fait », il est un glissement de sens qui vaut pour un écart épistémologique. Autrement dit, on perd tout compte fait la référence à la conception socialisante du handicap qu’on devait défendre pour revenir à une acception woodienne, bio-médicosociale, dans laquelle le handicap s’attache à la personne, en l’occurrence à sa psychopathologie. Et, cela montre que la définition socio-écologique du handicap a bien du mal à s’installer en France. Du coup, le terme générique, novateur de « handicap psychique » risque de devenir aporétique s’il reste rabattu sur une partie de la symptomatologie mentale dont on a bien du mal à le dégager.