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Éloge de l’analyse en langue étrangère Volume 83, numéro 9, novembre 2007

Auteur
Psychanalyste, Professeur des universités, Université Paris 8, 38, rue du Faubourg Saint-Martin, 75010 Paris

Des sujets d’origine étrangère tiennent à faire leur analyse en français. Cette situation à première vue handicapante a des effets positifs. Dans cet effort, le sujet butte, dérape et vit sur le mode de l’impuissance son exil de la langue maternelle. Un effet de l’inconscient se trouve redoublé : la division du sujet par le langage se dénude, elle n’est pas contingente mais de structure. Elle livre à l’analysant les raisons profondes de sa nostalgie : l’objet à jamais perdu que métaphorise la langue maternelle. Dans cette séparation forcée, le sujet est orienté sur une perte de jouissance. Privé de la satisfaction du dire, l’ouverture vers l’objet pulsionnel est facilitée. Par cet artifice, on est passé de l’impuissance à l’impossible, ce qui est le trajet même d’une analyse.