JLE

Environnement, Risques & Santé

MENU

IARC evaluation of the carcinogenicity of outdoor air pollution Volume 13, numéro 4, Juillet-Août 2014

Illustrations


  • Figure 1
Auteurs
International Agency for Research on Cancer
150, cours Albert Thomas
69008 Lyon
France
* Reprints
a On behalf of the International Agency for Research on Cancer Monograph Working Group IARC, Lyon, France.

La pollution de l’air extérieur et les particules en suspension ont été classées cancérogènes pour l’homme (groupe 1) par un groupe d’experts multidisciplinaire réuni par le CIRC. Après une revue exhaustive de la littérature scientifique, le groupe de travail a estimé de manière unanime que les indications de cancérogénicité émanant des études chez l’homme et chez les animaux de laboratoire étaient suffisantes, et fortement confortées par les études mécanistiques. La pollution de l’air extérieur est un mélange complexe provenant de nombreuses sources, incluant le transport, la production d’énergie, les activités industrielles, l’agriculture, le chauffage domestique et des processus naturels. Les niveaux de pollution varient dans l’espace et le temps et ont, d’une manière générale, décliné en Europe et en Amérique du Nord, alors qu’ils ont augmenté dans certains pays en voie d’industrialisation rapide, notamment en Asie. Les études épidémiologiques sur des millions de personnes en Europe, Amérique du Nord et Asie montrent de manière constante que l’exposition à la pollution de l’air extérieur, mesurée selon plusieurs indicateurs, dont les concentrations atmosphériques de polluants et l’exposition au trafic, est associée à une augmentation du risque de cancer du poumon. Parmi les différents polluants considérés, les particules en suspension sont plus particulièrement impliquées, avec une relation dose-réponse entre le niveau d’exposition et le risque de cancer du poumon. Il existe également des indications limitées d’une association entre l’exposition à la pollution atmosphérique et le cancer de la vessie. Les études de laboratoire chez des animaux exposés à un air pollué par inhalation ou recevant des extraits de matière particulaire montrent également une incidence accrue de tumeurs. Des données provenant de nombreuses études chez l’homme, l’animal, des espèces végétales et des systèmes expérimentaux, montrent des altérations génétiques incluant des anomalies cytogénétiques, des mutations des cellules somatiques et germinales et des modifications de l’expression génique, qui ont été reliées à une augmentation du risque de cancer chez l’homme. À l’échelle mondiale, environ 15 % des cancers du poumon seraient attribuables à la pollution particulaire. Alors qu’il apparaît clairement que la pollution de l’air extérieur est cancérogène, pratiquement toutes les études sanitaires disponibles ont été réalisées dans des pays où les niveaux de pollution sont relativement bas et des effets sont observés pour des niveaux inférieurs aux normes de qualité de l’air et recommandations en vigueur. Il est donc nécessaire d’engager des actions de santé publique, ainsi que des activités de recherche dans les zones lourdement polluées.