Hématologie
MENULes thrombopénies maternelles au cours de la grossesse, conséquences fœtales et néonatales Volume 5, numéro 6, Novembre-Décembre 1999
- Mots-clés : Grossesse, thrombopénies, purpura thrombopénique auto-immun.
- Page(s) : 461-8
- Année de parution : 2000
Les thrombopénies découvertes en cours de grossesse ne sont pas un phénomène rare : 7 % des femmes sont thrombopéniques en fin de gestation. Si la diminution de la numération plaquettaire d’environ 11 % est physiologique du 5e mois jusqu’au terme de la grossesse, une décroissance plus importante et/ou une thrombopénie (définie comme un nombre de plaquettes < 150 x 109/L) doivent être considérées comme pathologiques. Dans la majorité des cas, la thrombopénie est modérée et n’est pas assortie d’un risque hémorragique important, mais elle peut être le témoin de l’existence d’une pathologie sous-jacente comportant des risques pour la mère et l’enfant et qu’il importe donc de déterminer. Les pathologies obstétricales les plus fréquemment en cause sont la toxémie et le HELLP syndrome. La thrombopénie peut être un signe révélateur d’infection par le virus de l’immunodéficience humaine, en l’absence de détection systématique. Parmi les causes plus rares se trouvent des microangiopathies, telles que le purpura thrombopénique thrombotique ou le syndrome hémolytique et urémique, ou la maladie de Willebrand de type 2B. En l’absence de pathologie associée, la recherche d’antécédents personnels, même anciens, de thrombopénie ainsi qu’une enquête familiale comprenant des numérations de plaquettes doivent être systématiques. Si la thrombopénie apparaît isolée, il est difficile, mais cependant essentiel, de distinguer la thrombopénie dite gestationnelle, sans retentissement sur le fœtus, qui se corrigera spontanément dans le post-partum, du purpura thrombopénique auto-immun, avec un risque de thrombopénie néonatale estimé à 40 %. Les examens biologiques peuvent apporter des éléments précieux d’orientation diagnostique dans les cas de découverte d’auto-anticorps maternels (en particulier antiplaquettaires, par la technique de Maipa). Bien souvent, le diagnostic ne sera affirmé que rétrospectivement, grâce à la surveillance de la numération de plaquettes de la mère dans le post-partum et de l’enfant pendant la première semaine de vie. Chez les multipares, la numération plaquettaire du ou des aînés et les résultats de la durée de vie isotopique des plaquettes mesurée entre deux grossesses sont prédictifs du risque de thrombopénie fœtale. Quant à la voie d’accouchement en cas de suspicion de thrombopénie fœtale sévère, elle sera discutée cas par cas, en l’absence d’études prospectives permettant de penser que les césariennes préviendraient efficacement les hémorragies intracrâniennes néonatales et que les accouchements non compliqués par voie basse seraient associés plus fréquemment à de telles hémorragies.