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Annales de Biologie Clinique

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Calcémie « corrigée » : sous-estimation du statut calcique des patients sans hypoalbuminémie et des patients hypercalcémiques Volume 67, numéro 4, juillet-aout 2009

Auteurs
Service de biochimie, Hôpital Pasteur, Colmar

Il est régulièrement rappelé qu’à défaut d’un dosage de la calcémie ionisée, l’interprétation de la calcémie totale doit prendre en compte la concentration de l’albumine sérique en s’appuyant sur une formule classique : [Ca « corrigé » (mmol/L) = Ca mesuré (mmol/L) + 0,020 ou 0,025 (40 – albumine (g/L))]. Cette formule de correction est issue des travaux de Payne publiés en 1973. Nous avons établi, sur une population témoin, les valeurs moyennes des trois paramètres : calcium, albumine et calcium ionisé (corrigé à pH 7,40), respectivement 2,34 mmol/L, 45,7 g/L et 1,23 mmol/L, pour les techniques de notre laboratoire (albumine - vert de bromocrésol et Ca - orthocrésolphtaléine sur Modular Roche Diagnostics ; Ca ionisé - électrodes spécifiques Radiometer SA). Sur cette base, nous avons rétrospectivement confronté les calcémies « corrigées » issues des deux formules et la calcémie mesurée au calcium ionisé ajusté à pH 7,40 chez 71 patients n’appartenant pas à la population témoin. Cette comparaison montre que ces deux formules conduisent dans notre laboratoire à une sous-estimation croissante de la calcémie lorsque l’albumine est supérieure à 40 g/L, sous-estimation pouvant dépasser - 0,20 mmol/L au-delà de 44 g/L. L’usage de ces formules est également susceptible de masquer une hypercalcémie, la moitié des hypercalcémies (Ca ionisé (pH 7,40) > 1,29 mmol/L) de notre groupe de patients n’étant pas retrouvée. Ces résultats sont cohérents avec les recommandations de Payne sur l’usage de sa formule de correction : le réajustement, cliniquement justifié d’une calcémie basse du fait d’une hypoalbuminémie, ne devrait pas être étendu aux autres situations, notamment lorsque l’albumine est augmentée.