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Annales de Biologie Clinique

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Un cas mortel de méningoencéphalite à Herpes simplex virus chez un adulte immunocompétent Volume 61, numéro 5, Septembre 2003

Auteurs
Laboratoire de virologie, Service de microbiologie, Centre hospitalier universitaire de Reims landreolettichu-reims.fr. Université Champagne-Ardenne, Faculté de médecine de Reims, IFR53/EA3309. Unité de réanimation polyvalente, Département d’anesthésie et de réanimation, Hôpital Robert Debré, Centre hospitalier universitaire de Reims

La méningoencéphalite herpétique (MEH) est une affection mortelle dans 70 % des cas en l’absence de traitement antiviral. Il importe donc d’en faire un diagnostic rapide pour débuter le plus précocement possible un traitement antiviral efficace par aciclovir. Nous rapportons ici un cas mortel de méningoencéphalite à Herpes simplex virus chez un adulte immunocompétent. Il s’agit d’un homme âgé de 53 ans sans antécédents médicaux particuliers, adressé aux urgences pour un syndrome confusionnel fébrile associé à une perte de connaissance évoluant depuis plus de 24 heures. Les analyses biologiques réalisées sur le liquide céphalorachidien (LCR) de ce patient vont montrer une méningite lymphocytaire à liquide clair (42 leucocytes/mm 3 dont 90 % d’éléments mononucléés ; 53 hématies/mm 3 ; hyperprotéinorachie à 1 650 mg/L) associée à un dosage biologique de l’interféron α positif à 75 UI/mL (valeur normale < 2 UI/mL). Le diagnostic étiologique sera définitivement posé après la réalisation en urgence de la PCR du groupe des Herpesvirus dans le LCR (Herpes Consensus Hybridowell TM, Argène, France), positive pour la détection et l’identification par hybridation moléculaire du génome de l’ Herpes simplex virus de type 1. Malgré la mise en route d’un traitement antiviral spécifique par aciclovir (15 mg/kg/8 heures) débuté dès son arrivée aux urgences, ce patient décédera 15 jours après son admission d’un arrêt cardiorespiratoire attribué à une atteinte du tronc cérébral. Dans notre observation, le retard de la mise en route du traitement (> 24 heures) après le début des signes encéphalitiques est le seul élément pouvant expliquer l’extension des lésions cérébrales responsables du décès. L’utilisation de la biologie moléculaire permet actuellement de réaliser une détection et une identification rapide des virus Herpes simplex de type 1 ou 2 dans des cas de MEH. Cependant, devant des signes neurologiques évocateurs d’une encéphalite associés à une méningite à liquide clair, il reste primordial de débuter immédiatement un traitement antiviral présomptif par aciclovir (10-15 mg/kg/8 heures par voie IV). Cette pratique est la seule qui soit actuellement susceptible de réduire la morbi-mortalité et les séquelles neurologiques de la MEH.