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Virologie

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Sida félin : homologies et différences entre les virus de 'immunodéficience féline et humaine Volume 2, numéro 1, Janvier - Février 1998

Auteur
Génétique des virus et immunopharmacologie moléculaire (ICGM-CNRS UPR0415), Institut Cochin de génétique moléculaire, 22, rue Méchain, 75014 Paris, France

L'infection par le virus de l'immunodéficience féline (VIF) est largement répandue dans le monde chez les chats domestiques et est responsable du sida félin. Le VIF est un lentivirus, comme le virus de l'immunodéfience humaine (VIH). Ces virus possèdent des propriétés communes, génétiques, structurales et fonctionnelles. Le VIF se transmet surtout par morsure et, à la différence du VIH, n'utilise pas la molécule CD4 comme récepteur. Toutefois, il partage avec le VIH l'utilisation de certains récepteurs aux chimiokines pour infecter les cellules hôtes. Son tropisme in vivo est plus large que celui du VIH : outre les lymphocytes CD4+ et les macrophages, il infecte aussi les lymphocytes CD8+ et les lymphocytes B. Malgré ces différences, l'infection du chat par le VIF suit une évolution comparable à celle de l'homme par le VIH, progressant de l'infection aiguë au sida, en passant par une longue phase asymptomatique. La réponse immunitaire antivirale n'aboutit pas à l'élimination du virus : après la résolution du pic de réplication au cours de l'épisode aigu, le virus persiste et l'infection reste active même dans la période de silence clinique. Les altérations hématologiques et du système immunitaire sont aussi semblables. En particulier, comme le VIH, le VIF cause, d'une part, une déplétion des lymphocytes CD4+ et une dépression des fonctions T auxiliaires et, d'autre part, une activation polyclonale des lymphocytes B avec hypergammaglobulinémie. Bien que des expériences de vaccination avec le virus entier inactivé aient abouti à une protection contre l'infection par un virus homologue, une protection plus large n'a pas été obtenue. Au contraire, la vaccination avec des préparations de glycoprotéines de l'enveloppe virale a causé, dans certains cas, une accélération de l'infection après épreuve. L'infection du chat par le VIF est un modèle naturel d'immunodéficience acquise causée par un lentivirus et sa comparaison avec l'infection par le VIH est un instrument précieux pour la compréhension des facteurs impliqués dans la physiopathologie de l'immunodéficience et l'exploration des mécanismes de protection.