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Virologie

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Immunité croisée entre différents génotypes du virus de l’hépatite C Volume 8, numéro 2, mars-avril 2004

Auteur
Laboratoire de virologie variabilité virale‐EA2046‐IFR30, CHU, Toulouse

Auteur(s) : A. Boulestin

Laboratoire de virologie variabilité virale-EA2046-IFR30, CHU, Toulouse

La grande variabilité du virus de l’hépatite C représente un obstacle majeur au développement d’un vaccin. Des données cliniques récentes suggèrent qu’une immunité protectrice pourrait se développer après l’éradication spontanée du HCV au décours de la phase aiguë [1]. Ainsi, les patients infectés pour la seconde fois évolueraient moins fréquemment vers la chronicité que les patients infectés pour la première fois. Cependant, l’immunité protectrice acquise après une infection par un génotype donné pourrait ne pas concerner les autres génotypes de HCV compte tenu de leur degré de divergence (30 %). Les auteurs de cette étude ont tenté de clarifier ce point en testant l’effet protecteur d’une première infection par le génotype 1 contre une nouvelle infection par les génotypes 2, 3 et 4 chez le chimpanzé [2]. Un chimpanzé ayant éliminé la souche H77 de génotype 1a a été inoculé avec un mélange de deux souches, l’une de génotype 2 et l’autre de génotype 3. Seul le génotype 3 a été détecté dans le sérum de l’animal ; le niveau et la durée de la virémie étaient beaucoup plus faibles que lors de la première infection. Des résultats similaires ont été obtenus lors de l’inoculation d’une souche de génotype 4a à un chimpanzé ayant éliminé auparavant une souche de génotype 1. Lors de l’inoculation d’un mélange des quatre génotypes, 1a, 2, 3, et 4a, la faible quantité d’ARN viral dans le foie suggère que le niveau d’infection des hépatocytes est de 1/25 000. Seuls les génotypes 1 et 4 ont été produits à un niveau détectable et le génotype 4 a dominé le génotype 1 avec un rapport de 3 pour 1. La première infection ayant été réalisée avec une souche de génotype 1a, cette souche pourrait avoir été soumise à une plus grande pression immunologique lors de la réinfection. Le même animal a été infecté une troisième fois avec une souche de génotype 4 : à aucun moment l’ARN du HCV n’a été détecté dans le sérum et dans le foie. Les composants de la réponse immune anti-HCV à l’origine de l’immunité protectrice seraient donc dirigés contre des épitopes très conservés entre les différents génotypes.
Au cours des réinfections, l’expression intra-hépatique des gènes stimulés par l’interféron (ISG) est augmentée et coïncide avec la présence d’ARN viral dans le foie. L’immunité protectrice est également fréquemment associée à une augmentation de l’expression intra-hépatique de l’IFN-γ, tandis que l’expression du TNF-α n’est augmentée que chez un seul animal.
L’existence d’une immunité croisée entre les différents génotypes du HCV est encourageante pour le développement d’un vaccin. Cependant, les épitopes impliqués dans l’immunité inter-génotype sont également présents chez les patients évoluant vers la chronicité et une réponse immune appropriée est nécessaire à l’éradication : un vaccin devrait donc comporter un adjuvant stimulant le système immunitaire de façon adéquate.

Références

1. Mehta SH, Cox A, Hoover DR, et al. Protection against persistence of hepatitis C. Lancet 2002 ; 359 : 1478-83.

2. Lanford RE, Guerra B, Chavez D, et al. Cross-genotype immunity to hepatitis C virus. J Virol 2004 ; 78 : 1575-81.