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Virologie

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Identification du co‐récepteur du parvovirus humain B19 Volume 8, numéro 1, janvier-février 2004

Auteur
Laboratoire de bactériologie‐virologie, Hôpital Nord CHU, Saint‐Etienne

Auteur(s) : S Pillet

Laboratoire de bactériologie-virologie, Hôpital Nord CHU, Saint-Etienne

Le parvovirus humain B19 infecte spécifiquement, au moins in vitro, les progéniteurs hématopoïétiques de la lignée érythroïde BFU-E (burst forming unit erythroid) et CFU-E (colony forming unit erythroid). Son récepteur est identifié depuis 1993 : il s'agit de l'antigène de groupe sanguin P (AgP ou globoside). La plupart des individus sont porteurs de l'antigène P à la surface de leurs globules rouges et de leurs érythroblastes ; les sujets phénotype p, dont les cellules n'expriment pas l'antigène P, ne montrent aucun signe sérologique d'infection par le parvovirus B19 et leurs précurseurs érythroïdes ne sont pas infectés in vitro par ce virus. Cependant, la présence de l'AgP à la surface des cellules cibles du parvovirus B19 n'explique pas à elle seule la spécificité érythroïde du virus. En effet, le globoside est exprimé aussi à la surface des cellules non érythroïdes et le parvovirus B19 est susceptible de se lier à d'autres glycolipides. De plus, sur le plan évolutif, il n'est pas très avantageux pour le virus d'entrer dans des globules rouges, cellules dépourvues de la machinerie nucléaire indispensable à sa réplication. En étudiant l'entrée de particules virales recombinantes et marquées par un fluorochrome, l'équipe de A. Srivastava vient d'identifier le co-récepteur du parvovirus B19 : le complexe d'intégrines α5β1. Les particules recombinantes se fixent à la surface des cellules humaines de la lignée d'érythroleucémie K562 qui expriment l'AgP, mais elles n'y pénètrent pas. Lorsque ces cellules sont activées par des esters de phorbol, elles expriment les intégrines α5 et β1 dans leur forme activée, permettant l'internalisation des particules recombinantes. Des résultats similaires ont été obtenus avec des particules infectieuses de parvovirus B19 : si l'antigène P est nécessaire à l'attachement du virus sur la cellule, l'intégrine β1 est indispensable à l'entrée du virus dans la cellule. Les molécules d'adhérence α5 et β1 sont exprimées en abondance à la surface des progéniteurs érythroïdes, mais sont absentes de la surface des globules rouges.
On peut noter que les intégrines ont déjà été impliquées dans l'entrée d'autres parvovirus comme les AAV (adeno-associated virus) et que l'activation de la voie de signalisation intracellulaire associée à l'activation de ces molécules d'adhérence joue un rôle dans l'infectiosité des particules d'AAV en favorisant le transport intracytoplasmique des vésicules d'endocytose vers le noyau. L'étude de la voie d'activation associée au complexe α5β1 pourrait permettre de découvrir des mécanismes intracytoplasmiques impliqués dans le transport nucléo-cytoplasmique des particules de parvovirus B19. Rappelons enfin que l'utilisation de récepteurs et co-récepteurs n'explique probablement pas à elle seule la spécificité érythroïde du parvovirus B19 : celle-ci fait intervenir des régulations complexes au niveau de la transcription et de la traduction des ARNm viraux.

Référence

Weigel-Kelley KA, Yoder MC, Srivastava A. α5β1 integrin as a cellular coreceptor for human parvovirus B19 : requirement of functional activation of b1 integrin for viral entry. Blood 2003 ; 102 : 3927-33.