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Virologie

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Evaluation des risques écologiques potentiels associés à l'utilisation agronomique de plantes exprimant des gènes viraux Volume 2, numéro 1, Janvier - Février 1998

Auteurs
INRA, Laboratoire de biologie cellulaire, 78026 Versailles Cedex, France

La possibilité de conférer une résistance aux virus par transgenèse présente un intérêt agronomique certain, en particulier lorsque des variétés résistantes n'ont pu être obtenues par les voies traditionnelles de la sélection. Toutefois, l'expression d'un gène d'origine virale par une plante peut provoquer une modification des équilibres écologiques naturels. Les risques pour l'environnement sont de quatre types : - Modification de la flore adventice par flux de gène. L'acquisition d'un gène de résistance par une espèce sauvage peut lui conférer un avantage sélectif si, en temps normal, l'infection de cette plante se traduit par une moindre efficacité de colonisation. Le problème est crucial pour les espèces pour lesquelles des plantes sauvages sexuellement compatibles existent à proximité (en Europe : betterave, laitue, colza). - Hétéroencapsidation. L'encapsidation de l'acide nucléique d'un virus infectant une plante transgénique par la protéine de capside virale provenant d'un autre virus (plus ou moins proche), produite par la plante, conduit à la constitution de particules virales hétérogènes. Les virions ainsi constitués acquièrent les propriétés qui sont directement sous le contrôle de cette protéine (par exemple la spécificité ou l'efficacité de vection par les vecteurs naturels, l'aptitude à migrer dans la plante infectée). Ce risque est un risque de première génération puisque le génome viral hétéroencapsidé retrouve ses propriétés initiales lors de la transmission à une plante non transformée. - Dérive génétique. Des modifications de séquence, résultant d'erreurs faites par la réplicase virale, peuvent provoquer l'apparition de nouvelles populations de molécules dont les propriétés biologiques peuvent être différentes. Le risque en matière de transgenèse concerne donc les modèles pour lesquels il y a amplification de l'ARN transcrit à partir du transgène. - Recombinaison ARN. La réplicase virale peut initier la réplication sur un brin d'ARN et, en effectuant un changement de matrice, la poursuivre sur un autre brin. En matière de plantes transgéniques, la recombinaison peut donc intervenir entre le génome d'un virus infectant et l'ARN transcrit à partir du transgène. Cela peut conduire à la production d'un nouveau virus susceptible de se répliquer et d'être transmis à d'autres plantes. Le risque a donc un caractère définitif. Ces événements peuvent aussi se produire en l'absence de plantes transgéniques (culture de variétés résistantes, infections multiples d'une même plante). Il importe cependant de vérifier qu'en situation de transgenèse il n'y a pas augmentation de leurs fréquences.