JLE

Cahiers d'études et de recherches francophones / Santé

MENU

Variations climatiques et mortalité attribuée au paludisme dans la zone de Niakhar, Sénégal, de 1984 à 1996 Volume 11, numéro 1, Janvier - Février 2001

Auteurs
Institut de recherche pour le développement, BP 1386, Dakar, Sénégal.

De nombreux arguments permettent de penser que le climat influence l’épidémiologie du paludisme. L’alternance des saisons ou les événements particuliers tels que les inondations ou la sécheresse se traduisent par une modification de l’impact du paludisme tant en morbidité qu’en mortalité. À une moindre échelle, nous avons étudié les relations entre les variations mensuelles du climat et les variations mensuelles de la mortalité attribuée au paludisme. L’étude a été réalisée dans la zone de Niakhar, Sénégal, sur les données accumulées au cours de 13 années, de 1984 à 1996. La zone d’étude de Niakhar comprend 30 000 personnes et fait l’objet d’une surveillance démographique continue depuis 1984. Les pluies dans cette région sont caractérisées par une saisonnalité marquée, un maximum le plus souvent en août, et une forte variabilité inter-annuelle. Au cours des 13 années étudiées, 661 décès ont été attribués au paludisme avec d’importantes variations inter-annuelles (médiane 43 ; extrêmes 23-100). La majeure partie (89,1 %) des décès attribués au paludisme a été observée entre août et décembre, avec un maximum en octobre. La corrélation entre la variabilité de la pluviométrie du mois d’août et la variabilité de la mortalité attribuée au paludisme entre août et décembre était positive et significative (r = 0,61, p = 0,02). De plus, il existait une corrélation entre la variabilité de la pluviométrie observée au cours d’un mois et la variabilité du nombre de décès attribués au paludisme observé au cours des deux mois suivants (r = 0,43, p = 0,0004 avec un décalage de un mois ; r = 0,26, p = 0,03 avec un décalage de deux mois). Ce décalage de un à deux mois est en accord avec nos connaissances du cycle du parasite et des interactions parasite-homme-vecteur. Des résultats similaires, quoique moins nets, ont été obtenus avec l’humidité et la température. Ces observations pourraient aider les décideurs à anticiper l’importance de la mortalité attribuée au paludisme dans les régions soudano-sahéliennes où la variabilité de la pluviométrie inter et intra-annuelle est marquée.