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Médecine thérapeutique / Endocrinologie

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Sevrage de la corticothérapie Volume 1, numéro 3, Décembre 1999

Auteurs
Service d’endocrinologie et des maladies métaboliques, CHU de Rouen, 1, rue de Germont, 76031 Rouen cedex.

Les dérivés de synthèse des glucocorticoïdes sont utilisés pour leurs actions anti-inflammatoires et, à fortes doses, immunosuppressives. Ces propriétés leur confèrent tout leur intérêt thérapeutique. Néanmoins, utilisés à fortes posologies, ils sont la source de nombreux effets secondaires liés à la persistance d’une action de type glucocorticoïde, même si elle est atténuée, traduisant leur impact sur les métabolismes protidique, glucidique, lipidique et hydroélectrolytique. La phase de sevrage d’une corticothérapie anti-inflammatoire pose un double problème. Le patient est tout d’abord exposé au risque de rebond de la maladie causale. Le second risque, qui doit rester présent à l’esprit, est celui de l’insuffisance corticotrope par mise au repos de l’axe hypophyso-surrénalien sous l’effet de freinage du stéroïde. Celle-ci expose au risque potentiel d’insuffisance surrénale favorisée par un arrêt trop brutal de la corticothérapie ou à la survenue d’affection intercurrente. Le risque existe en puissance pour toute dose de corticoïdes exerçant un effet de freinage supérieur ou égal à la dose substitutive d’hydrocortisone, soit au moins 5 mg de méthylprednisolone ou l’équivalent pendant une durée supérieure à 2 semaines de traitement quotidien. L’interruption d’une corticothérapie anti-inflammatoire doit être envisagée lorsque la maladie initiale est guérie ou stabilisée. Des mesures simples permettent de limiter le risque ou l’intensité de l’inertie corticotrope induite par le traitement par stéroïdes anti-inflammatoires : indication soigneusement posée, dose limitée à la posologie minimale efficace, administration le matin en une prise unique si possible un jour sur deux. Lors de la décroissance posologique précédant le sevrage, le risque d’insuffisance surrénalienne est quasi inexistant jusqu’à 5 mg/j de prednisone. En revanche, en dessous de cette posologie, l’interruption du traitement par stéroïdes anti-inflammatoires impose la mise en route d’une hormonothérapie substitutive par hydrocortisone et l’évaluation dynamique de l’axe corticotrope le plus aisément réalisée par un test au Synacthène®. La normalité de la cortisolémie de base et de la réponse surrénalienne à cette stimulation permettra, dans la quasi-totalité des cas, l’arrêt définitif de la substitution par hydrocortisone.