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Lorsque les symptômes négatifs avancent masqués : arguments pour une exploration catégorielle des processus hébéphréniques émergents Volume 95, numéro 1, Janvier 2019

Auteur
Psychiatre, CH Saint Jean de Dieu, 290 route de Vienne, 69008 Lyon, France
* Correspondance

Les symptômes négatifs schizophréniques ont été délaissés pendant quelques années, et ce pour plusieurs raisons, dont la difficulté à les objectiver mais aussi et surtout le constat désillusionné de l’inefficacité relative des antipsychotiques, après un regain d’espoir avec l’arrivée de nouvelles molécules. Les formes cliniques paucisymptomatiques avec émoussement affectif prédominant débutent généralement par un processus insidieux au sein duquel les changements au niveau de la sphère affective sont au cœur du tableau clinique. La conceptualisation actuelle des symptômes négatifs insiste sur la mise en évidence de deux dimensions regroupant des éléments cliniques corrélés : d’une part l’expression diminuée, l’émoussement affectif et la pauvreté du discours, d’autre part l’amotivation, l’avolition/apathie, l’asocialité, le déficit hédonique. L’approche dimensionnelle a ses avantages, mais nous choisirons ici de privilégier les exigences médicales et éthiques de l’approche catégorielle. Ainsi, en nous inspirant des travaux de l’école de Wernicke, Kleist et Leonhard, nous décrivons quatre formes émergentes d’hébéphrénie en les définissant par le masque avec lequel elles apparaissent. Les soins à la phase émergente doivent être particulièrement bien tolérés en plus d’être efficace compte tenu de l’ambiguïté diagnostique, d’autant plus redoutable s’il existe une consommation de substances psychoactives et/ou des fluctuations de l’humeur pouvant faire évoquer un trouble bipolaire. Une réflexion s’impose sur l’intérêt de l’annonce du diagnostic en fonction du stade de l’évolution du processus, du degré de certitude sur ce dont il s’agit et des implications pratiques en ce qui concerne la psychoéducation. Enfin, le patient doit être accompagné dans ses objectifs de vie, en développant une relation d’aide lui permettant d’éventuellement réadapter certains de ces objectifs. Les antipsychotiques ne s’avèrent pertinents qu’à l’aune d’un tableau clinique suffisamment évocateur et d’un affaissement substantiel du fonctionnement.

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