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Comment le cannabis peut favoriser les troubles psychotiques : conséquences, dépistage et prise en charge Volume 95, numéro 8, Octobre 2019

Auteur
Service de psychiatrie et d’addictologie de liaison, CHU Sud, 80054 Amiens cedex, France
Unité Inserm 1247, Groupe de recherche sur l’alcool et les pharmacodépendances (GRAP, Pr M. Naassila), Amiens
Inserm, Laboratoire de physiopathologie des maladies psychiatriques, UMR_S1266, Institut de psychiatrie et neurosciences de Paris (Pr MO Krebs), Université Paris Descartes, Paris, France
Institut de Psychiatrie (CNRS GDR 3557), Paris, France
* Correspondance

Les relations complexes entre cannabis et psychoses ont fait l’objet de nombreux travaux depuis une vingtaine d’années. La consommation de cannabis peut s’accompagner de symptômes psychotiques chez certains sujets (jusqu’à 15 % des consommateurs) qui disparaissent avec l’élimination du Δ-9-THC de l’organisme. Elle peut aussi augmenter par deux le risque de troubles psychotiques, notamment de schizophrénie. Le risque est d’autant plus élevé que la consommation de cannabis a commencé précocement, qu’elle est importante, que le cannabis consommé est fortement dosé en Δ-9-THC, qu’il existe des antécédents familiaux de troubles psychotiques, des facteurs génétiques de vulnérabilité et des maltraitances dans l’enfance.

Chez les patients schizophrènes, la consommation de cannabis est très fréquente. Chez les patients présentant un premier épisode psychotique, un tiers présente aussi un abus/dépendance à l’alcool ou aux drogues. L’abus/dépendance au cannabis aggrave leur évolution : aggravation des symptômes positifs, augmentation du risque de troubles dépressifs, du risque suicidaire, des rechutes et des ré-hospitalisations. En revanche, l’évolution des sujets qui arrêtent leur consommation est beaucoup plus favorable que celle des patients qui la continuent. Pour cela, il est important de prendre en charge les patients le plus précocement possible, dans le cadre d’une approche addictologique, notamment motivationnelle, intégrée dans la prise en charge psychiatrique.

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