JLE

Hépato-Gastro & Oncologie Digestive

MENU

Rectocolite ulcéro-hémorragique et cancer colo-rectal. Détection, prévention et traitement Volume 2, numéro 3, Mai - Juin 1995

Auteurs
service de chirurgie viscérale et urgences III (Pr. P. Cougard), CHRU de Dijon, hôpital général, 3, rue du Faubourg-Raines, BP 1519, 21033 Dijon Cedex, France.

Le risque de cancer colo-rectal survenant sur rectocolite ulcéro-hémorragique (RCH) a souvent été surestimé par la publication de résultats provenant de centres spécialisés. En cas de pancolite, il est toutefois de 30 %, 35 ans après le diagnostic, d'après les études épidémiologiques. La détection d'un cancer est indissociable de la détection de dysplasie pour laquelle existe une classification spécifique en cas de maladie inflammatoire. Une dysplasie de haut grade est un carcinome in situ. Malgré les progrès de la surveillance coloscopique et des critères anatomopathologiques, la dysplasie n'est pas toujours facile à classer en degrés de sévérité et il n'est pas prouvé qu'elle soit toujours la lésion précancéreuse. Les voies de recherche s'orientent vers l'analyse de l'ADN ou de certaines protéines cellulaires (p53) comme témoins du risque de dégénérescence. Parmi plusieurs interventions réalisables à visée curative, la coloproctectomie totale avec anastomose iléo-anale d'un réservoir iléal peut souvent être proposée à des patients porteurs d'une dysplasie ou d'un cancer sous certaines conditions relatives au site de la tumeur et à son stade. Cette intervention traite la RCH, le cancer et réalise le meilleur moyen de prévention ultérieur tout en évitant une iléostomie définitive. Le pronostic du cancer est identique à celui d'une forme sporadique de stade identique. Dans le domaine de la prévention, seule une étude randomisée comparant la coloproctectomie à la surveillance coloscopique pourrait nous donner la conduite à tenir indiscutable. Cette étude n'aura pas lieu, car trop complexe et éthiquement discutable : il faudra raisonner pour chaque cas en tenant compte de l'avis du patient après l'avoir averti des avantages et inconvénients de chaque méthode. Il ne faut pas oublier qu'une RCH pancolique de longue durée, surtout quand elle a débuté chez un jeune patient peut être en soi une indication chirurgicale. Une surveillance coloscopique régulière impose la réalisation de biopsies tous les 10 centimètres et sur toute lésion suspecte.