Hépato-Gastro & Oncologie Digestive
MENUà retenir Du no 6 juin 2018 Volume 25, numéro 7, Septembre 2018
Nouveautés dans les biomarqueurs de l’hépatotoxicité des médicaments et des plantes médicinales
Lucy Meunier, Dominique Larrey
- •L’hépatotoxicité des médicaments est la principale cause de retrait des médicaments du marché pharmaceutique.
- •L’association de l’ALAT (alanine aminotransférase) > 3 × LSN (limite supérieure de la normale du test) et de la bilirubinémie totale > 2 × LSN est un signal de risque d’hépatotoxicité grave.
- •Les marqueurs diagnostiques spécifiques sont rares : autoanticorps, détection sérique d’adduits réactifs ou le dosage sanguin du médicament.
- •Dans de rares cas, l’hépatotoxicité médicamenteuse est associée à la présence d’anticorps sériques spécifiques.
- •Le micro-ARN 122 est un marqueur plus sensible et plus précoce que l’ALAT en cas d’hépatite médicamenteuse.
- •Il y a une association établie entre certains polymorphismes HLA (Human Leukocyte Antigen) et les effets secondaires médicamenteux hépatiques.
Encéphalopathie hépatique minime : enjeux actuels
Claire Perignon, Manon Allaire, Isabelle Ollivier-Hourmand, Thông Dao
- •L’encéphalopathie hépatique minime est définie par la présence d’anomalies neuropsychologiques détectables par des tests psychométriques sans signe clinique d’encéphalopathie hépatique clinique associée.
- •L’accumulation de substances neurotoxiques est à l’origine d’un œdème et d’une dysfonction astrocytaire.
- •Le dépistage de l’encéphalopathie hépatique minime n’est pas systématique et peu réalisé en pratique courante.
- •Le Psychometric Hepatic Encephalopathy Sum Score semble être le test de référence pour le diagnostic d’encéphalopathie hépatique minime.
- •La démarche diagnostique pratique consiste à interroger les patients et leur entourage sur la présence de troubles du sommeil, de chutes et d’accidents domestiques.
- •Dans le cadre d’études cliniques, il est recommandé d’associer au Psychometric Hepatic Encephalopathy Sum Score un test automatisé ou un test neuropsychologique.
- •La prévalence de l’encéphalopathie hépatique minime est de 20 à 60 % chez les patients cirrhotiques hospitalisés.
- •L’encéphalopathie hépatique minime est fréquente dès le stade de cirrhose compensée.
- •L’encéphalopathie hépatique minime est un facteur prédictif d’encéphalopathie hépatique clinique.
- •L’encéphalopathie hépatique minime est le marqueur d’une cirrhose plus agressive en termes de risque de complications.
- •L’encéphalopathie hépatique minime diminue les capacités de conduite automobile et le nombre d’accidents et d’infractions sont augmentés.
- •L’éducation thérapeutique, la prise en charge nutritionnelle, le lactulose et la rifaximine sont les éléments-clés du traitement de l’encéphalopathie hépatique minime.
Carcinome papillaire de la thyroïde de type cribriforme-morulaire et polypose adénomateuse familiale
Louis Bazire, Guillaume Bataillon, Antoine De Pauw, Julien Masliah-Planchon, Bruno Buecher
- •Les carcinomes de la thyroïde de type cribriforme-morulaire représentent moins de 2 % des carcinomes papillaires de la thyroïde.
- •On estime qu’au moins 50 % des carcinomes thyroïdiens de type cribriforme-morulaire sont associés à la polypose adénomateuse familiale.
- •Il est recommandé de réaliser au minimum une palpation cervicale annuelle chez les patients atteints de polypose adénomateuse familiale.
- •Les carcinomes thyroïdiens peuvent correspondre à la première manifestation phénotypique de la polypose adénomateuse familiale.
Effets secondaires dermatologiques des anti-TNFα au cours des maladies inflammatoires chroniques de l’intestin
Pauline Rivière, Julien Seneschal, David Laharie
- •Les effets secondaires des anti-TNFα concernent un patient sur cinq.
- •La peau est un site privilégié d’infections opportunistes sous anti-TNFα.
- •Les infections (bactériennes, zona, réactivation herpétique) sont les manifestations dermatologiques les plus fréquentes.
- •Les lésions psoriasiformes peuvent concerner jusqu’à un patient sur trois à dix ans de traitement anti-TNFα.
- •Les éruptions psoriasiformes répondent au traitement topique dans plus de 65 % des cas sans nécessité d’interruption du traitement.
- •Le lupus induit par les anti-TNFα est rare.
- •Les éruptions psoriasiformes sont un effet « classe » des anti-TNFα. En cas de lésions sévères ou invalidantes, une autre classe thérapeutique doit être envisagée.
- •Avec un recul de plus de 20 ans, il semble exister un léger sur-risque de mélanome sous anti-TNFα.
La coloscopie en immersion : le gaz ou l’eau à tous les étages
Guillaume Claudé, Stéphane Koch
- •Deux à 9 % des malades ont eu une coloscopie dans les trois ans qui précèdent le diagnostic de cancer, ce qui définit la lésion comme un cancer d’intervalle.
- •La progression en instillation d’eau et une réaspiration continue permettent une intubation cæcale avec 75 à 85 cm d’endoscope en moyenne, sans boucle, avec un abdomen non distendu et un côlon bien préparé, sans ou avec peu de sédations.
- •Les techniques de coloscopie en immersion sont mieux tolérées par les malades.
- •Le taux de détection des adénomes est augmenté de 16 % avec les techniques de coloscopie en immersion en comparaison de la progression à l’air.
- •Le water exchange est plus performant que le water immersion en termes de taux de détection des adénomes et de qualité de préparation colique, notamment dans le côlon droit.
- •La qualité de la préparation est significativement meilleure avec l’instillation d’eau et la réaspiration continue, notamment dans le côlon droit.
- •Un examen avec progression à l’eau dure en moyenne une minute de plus seulement qu’un examen avec insufflation d’air.
- •Les techniques de coloscopie en immersion n’apportent pas de morbidité.
- •Un apprentissage de la coloscopie d’emblée avec instillation d’eau et réaspiration continue fait progresser plus vite les jeunes endoscopistes.
Comment évaluer la réponse tumorale dans les cancers digestifs en 2018 ?
Mathilde Wagner
- •Les critères RECIST 1.1 restent la référence en 2018.
- •La réponse globale comprend la réponse des lésions cibles, celle des lésions non cibles et la recherche de nouvelles lésions.
- •Les critères de CHOI se fondent sur l’évolution de la taille tumorale et de la densité tumorale et sont utilisés principalement dans les GIST et les carcinomes hépatocellulaires.
- •Les critères mRECIST se basent sur la variation en taille uniquement de la portion hypervasculaire des lésions hépatiques des carcinomes hépatocellulaires.
- •Les critères iRECIST introduisent la notion de maladie en progression non confirmée.
- •Après une progression non confirmée, une réponse partielle ou une maladie stable est possible selon les critères iRECIST.
Comment expliquer et prendre en charge le ballonnement des malades constipés ?
Aurélien Garros, Henri Damon, Véronique Vitton, Laurent Siproudhis
- •Le ballonnement des patients constipés provoque un retentissement important sur la qualité de vie.
- •Le ballonnement n’est associé à une distension abdominale objective que dans 50 % des cas environ.
- •Le ballonnement est le premier symptôme dont se plaignent les patients avec syndrome de l’intestin irritable et constipation, devant la douleur.
- •Le phénomène prédominant dans la création d’une sensation de ballonnement est le ralentissement du transit des gaz dans l’intestin grêle.
- •Des désordres d’absorption de certains aliments peuvent entraîner une dysbiose, elle-même responsable d’une augmentation de la fermentation des bactéries.
- •Les connaissances physiopathologiques progressent mais les traitements disponibles sont peu nombreux et peu efficaces.
- •Peu de traitements ont fait la preuve de leur efficacité et peu de travaux s’intéressent au ballonnement.
- •De nombreux essais randomisés ont prouvé l’efficacité d’un régime pauvre en FODMAPs (Fermentable Oligosaccharides, Disaccharides, Monosaccharides and Polyols) sur les ballonnements.
- •De nombreuses études prouvent l’efficacité des probiotiques sur le ballonnement chez des patients avec ou sans syndrome de l’intestin irritable.
- •L’huile essentielle de menthe poivrée est le seul antispasmodique qui a prouvé son efficacité sur l’amélioration globale des symptômes digestifs dans le syndrome de l’intestin irritable.
- •Une étude de la Cochrane Library émet des conclusions prudentes, du fait du niveau scientifique faible des études, en faveur de l’hypnothérapie dans le syndrome de l’intestin irritable.
- •Les laxatifs peuvent aider en traitant la constipation mais doivent être utilisés prudemment du fait du risque d’aggravation des ballonnements.
Cette œuvre est mise à disposition selon les termes de la Licence Creative Commons Attribution - Pas d'Utilisation Commerciale - Pas de Modification 4.0 International