Hépato-Gastro & Oncologie Digestive
MENU>Le Lactobacillus paracaseinormalise l’hypercontractilité musculaire dans un modèle murin de dysfonction intestinale post‐infectieuse Volume 12, numéro 1, Janvier-Février 2005
- Page(s) : 79-80
- Année de parution : 2005
Auteur(s) : Thierry Piche
Verdu EF, Bercik P, Bergonzelli GE, Huang X-X, Blennerhasset P, Rochat F, et al. Lactobacillus paracasei normalizes muscle hypercontractility in a murine model of post infective gut dysfunction. Gastroenterology 2004 ; 127 : 826-37.Plusieurs études ont bien montré que des symptômes fonctionnels
pouvaient persister durablement dans 7 à 30 % des cas après un
épisode de gastroentérite [1, 2]. Chez les malades atteints de
troubles fonctionnels digestifs post-infectieux (TFI PI), une
augmentation de la perméabilité intestinale et une augmentation du
nombre de lymphocytes intraépithéliaux ont été mises en évidence
sur des biopsies rectales [3]. Ces études, complétées par des
expérimentations chez l’animal [4] suggèrent qu’une stimulation
immunitaire est à l’origine du maintien des anomalies
sensorimotrices objectives. Dans le modèle animal de TFI PI mis au
point chez la souris NIH Swiss infectée par Trichinella
spiralis, il a été montré que les troubles fonctionnels
observés à distance de l’infection étaient initiés par une réponse
de type TH2 et maintenus par la production de TGF-β et de COX-2
dans les couches neuromusculaires du tube digestif.
Chez les malades atteints de TFI, la microflore apparaît souvent
perturbée avec une augmentation du nombre de bactéries facultatives
et une réduction du nombre de lactobacilles et de bifidobactéries
[5]. L’efficacité des probiotiques sur les symptômes fonctionnels
reste débattue. Dans un essai contrôlé, Maupas et al. ont
montré chez des malades atteints de TFI que S. boulardii
améliorait la diarrhée mais n’influençait pas les autres symptômes
fonctionnels [6]. En revanche, Hentschel et al. [7] n’ont
observé aucune amélioration symptomatique chez 126 malades
atteints de dyspepsie non ulcéreuse qui recevaient un mélange de
lactobacilles et d’Escherichia coli. Très récemment, Nobaeck
et al. [8] ont observé une amélioration significative des
douleurs abdominales et des flatulences chez 60 malades
atteints de TFI qui recevaient Lactobacillus plantarum
pendant un mois. Malgré ces données divergentes, il est
envisageable qu’une modification de la microflore résidente
provoquée par l’infection puisse moduler les réponses
neuromusculaires, directement [9] ou indirectement par
l’intermédiaire du système immunitaire [10], et que
l’administration de probiotiques puisse corriger ces anomalies.
Dans cette étude, l’équipe de l’université de Mac Master a envisagé
l’effet de plusieurs probiotiques sur le modèle animal de TFI PI
qu’ils ont validés. Plusieurs souches de probiotiques
(Lactobacillus paracasei, Lactobacillus Johnsonii,
Bifidobacterium longum, ou Bifidobacterium lactis) étaient
admi-nistrés entre 10 et 20 jours après l’infection par
T. spiralis. Seul Lactobacillus paracasei
induisait une diminution de l’hypercontractilité musculaire qui
était associée à une réduction de la réponse immunitaire de type
TH2 et de la production de TGF-β, de COX-2 et de
prostaglandines E2 dans le muscle. Cette étude suggère
que Lactobacillus paracasei pourrait être efficace dans le
traitement des troubles fonctionnels digestifs post-infectieux et
relance sans doute l’intérêt des probiotiques dans le traitement
des pathologies fonctionnelles digestives.
Références
1. Gwee KA, Graham JC, McKendrick MW, Collins SM, Marshall JS, Walters SJ, et al. Psychometric scores and persistence of irritable bowel after infectious diarrhea. The Lancet 1996 ; 347 : 150-3.
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3. Spiller RC, Jenkins D, Thornley JP, Hebden JM, Wright T, Skinner M, et al. Increased rectal mucosal enteroendocrine cells, T lymphocytes, and increased gut permeability following acute Campylobacter enteritis and in post-dysenteric irritable bowel syndrome. Gut 2000 ; 47 : 804-11.
4. Barbara G, De Giorgio R, Deng Y, Vallance BA, Blennerhasset P, Collins SM. Role of immunological factors and cylooxygenase-2 in persistent post-infective enteric muscle dysfunction in mice. Gastroenterology 2001 ; 120 : 1729-36.
5. Hunter JO, Madden JA, Hunter JO. A review of the role of the gut microflora in irritable bowel syndrome and the effects of probiotics. Br J Nutr 2002 ; 88 : 67-72.
6. Maupas JL, Champemont P, Delforge M. Traitement des colopathies fonctionnelles-essai en double aveugle de l’ultra-levure. Médecine et Chirurgie Digestive 1983 ; 12 : 77-9.
7. Hentschel C, Bauer J, Dill N. Complementary medicine in non-ulcer dyspepsia : is alternative medicine a real alternative ? A randomized placebo-controlled double-blind clinical trial with two probiotic agents-Hylac- and Hylac- forte. Gastroenterology 1997 ; 112 : A146.
8. Nobaeck S, Johansson ML, Molin G, Ahrne S, Jeppsson B. Alteration of intestinal microflora is associated with reduction in abdominal bloating and pain in patients with irritable bowel syjndrome. Am J Gastroenterol 2000 ; 95 : 1231-8.
9. Husebeye E, Hellstrom PM, Sundler F, Chen J, Midvedt T. Influence of microbial species on small intestinal myoelectric activity and transit in germ-free rats. Am J Physiol 2000 ; 280 : G368-80.
10. Shroff KE, Meslin K, Cebra JJ. Commensal enteric bacteria engender a self-limiting humoral response while permanently colonizing the gut. J Exp Med 1995 ; 63 : 3904-13.