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Hématologie

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Traitement sous-cutané par daratumumab du myélome en rechute ou réfractaire Volume 26, numéro 3, Mai-Juin 2020

Le daratumumab, un anticorps monoclonal humain anti-CD38, s’impose progressivement comme le traitement incontournable du myélome multiple en rechute ou réfractaire (MM-R/R), que ce soit en monothérapie [1] ou en association [2]. Cependant, l’administration intraveineuse de cet anticorps se révèle être contraignante pour les patients (administration initiale en 7 h, puis 3 à 4 h par administration) et s’associe régulièrement à des réactions lors de l’infusion. Aussi une formulation sous-cutanée du daratumumab a-t-elle été élaborée pour en optimiser l’observance et la tolérance [3]. Les auteurs de cette étude ont comparé l’administration de cette formulation sous-cutanée (Dara-SC) à l’administration intraveineuse (Dara-IV) chez des patients atteints de MM-R/R [4].

Entre octobre 2017 et décembre 2018, 522 patients ont été inclus dans cette étude multicentrique de phase III : 263 dans le groupe Dara-SC et 259 dans le groupe Dara-IV. Avec un suivi médian de 7,5 mois (0-14), 43 % des patients (n = 222; 111 par groupe) recevaient le traitement par daratumumab avec une durée médiane de six cycles de traitement par groupe. Les taux de réponse globale étaient comparables entre les groupes Dara-SC et Dara-IV (respectivement 41 et 37 %, RR : 1,11, 95%CI : 0,89-1,37). Une analyse de pharmacocinétique a été réalisée chez respectivement 149 patients du groupe Dara-SC et 146 patients du groupe Dara-IV. Les concentrations sériques maximales obtenue après administrations sous-cutanée et intraveineuse étaient comparables (respectivement 593 μg/mL et 522 μg/mL), tandis que le ratio des concentrations moyennes était de 107,93 % (Dara-SC/Dara-IV), confirmant la non-infériorité pharmacocinétique.

Lors de l’infusion du daratumumab, 13 % des patients (n = 33) du groupe Dara-SC ont présenté une réaction contre 34 % des patients (n = 89) du groupe Dara-IV (odds ratio : 0,28, 95%CI 0,18-0,44 ; P < 0,0001). Ces réactions survenaient majoritairement lors de la première administration et respectivement 2 % (n = 4) étaient sévères (grade 3) dans le groupe Dara-SC contre 5 % (n = 14) dans le groupe Dara-IV. Les principales réactions à l’infusion étaient des frissons (5 versus 12 %), de la fièvre (5 versus 3 %), et de la dyspnée (1 versus 7 %).

Sur le plan de la tolérance, 88 % des patients (n = 228) du groupe Dara-SC et 89 % (n = 230) du groupe Dara-IV présentaient un effet indésirable lié au daratumumab. Les principaux effets indésirables de grade 3-4 étaient des anémies (13 versus 14 %), des neutropénies (13 versus 8 %) et des thrombopénies (14 versus 14 %). Plus précisément, 7 % des patients (n = 18) du groupe Dara-SC et 8 % (n = 21) du groupe Dara-IV ont arrêté le traitement en raison d’un effet indésirable sévère. Le principal effet indésirable nécessitant une interruption de traitement était la thrombopénie.

En conclusion, cette étude confirme la non-infériorité de la formulation sous-cutanée du daratumumab, en termes d’efficacité et de pharmacocinétique, chez les patients atteints de MM-R/R. La voie sous-cutanée présente notamment un profil de tolérance favorable avec une réduction significative des réactions à la perfusion, une réduction du temps d’administration (3-5 min) et une large satisfaction des patients (> 88 % selon le score CTSQ [cancer treatment satisfaction questionnaire]). De nouvelles études permettront prochainement de confirmer ces résultats encourageants dans le cadre des associations thérapeutiques avec le daratumumab.

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