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Environnement, Risques & Santé

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Principe de précaution : entre réductionnisme et « bonne » décision floue ? Volume 16, numéro 6, Novembre-Décembre 2017

Auteurs
1 CNRS – INSIS
3, rue Michel Ange
F-75016 Paris
France
2 Engie – Direction Santé Sécurité
1, place Samuel de Champlain
92930 Paris-la-Défense
France
* Tirés à part

Le progrès technologique passe de plus en plus par la maîtrise (difficile) de la complexité, d’où des réactions toujours empreintes d’incertitude. La rapidité des changements mérite de s’intéresser à la décision floue, modèle qui tente de tenir compte d’un bout de la complexité du monde et de contraintes, dont celle de la pression temporelle dans l’expertise. Ce point de vue tente d’introduire les avantages des processus de décision floue dans l’expertise, mais aussi leurs limitations. La connaissance progresse indéniablement, mais on ne peut que constater que l’erreur, l’ignorance, et l’aveuglement progressent simultanément. Parallèlement, il reste difficile de diminuer la tension entre ceux qui produisent le risque (les industriels par exemple) et ceux qui le subissent (les consommateurs) en sachant que ces derniers ne disposent pas des mêmes armes pour se défendre que les promoteurs. Si on ne dispose pas de connaissances suffisantes pour l’évaluation des risques, les méthodes de décision floue présentent des avantages : elles incorporent l’intelligence décisionnelle dans l’analyse du système et permettent d’articuler les temps prospectifs longs et les temps politiques à court et moyen termes. Il est rare que les décisions soient prises ainsi, parce que l’avis est souvent demandé en situation de crise avec la demande de conclusions rapides. Or les experts devraient, si on leur en laissait le temps, s’appuyer sur un construit intellectuel, et la vertu des démarches « floues » est de permettre d’avancer de manière concertée et de créer une meilleure confiance nécessaire pour poursuivre sur la voie du progrès.