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Modélisation mathématique de la diffusion spatio‐temporelle de la variole Volume 2, numéro 4, Juillet 2003

Auteurs
Épidémiologie et sciences de l‘information, INSERM U444, CHU Saint‐Antoine, Université Pierre et Marie Curie, 27, rue Chaligny, 75012 Paris, France Centre collaborateur OMS pour la surveillance électronique des maladies <legrandu444.jussieu.fr>

Éradiquée en 1979, la variole est une maladie à transmission inter‐humaine dont le virus pourrait être utilisé comme arme biologique. Des modèles de diffusion d‘une épidémie de variole ont été publiés récemment dans le but d‘évaluer l‘efficacité des interventions de contrôle. Aucun de ces modèles n‘intègre la composante spatiale de la dynamique d‘une épidémie. Pourtant, la mobilité des individus, plus importante qu‘elle ne l‘était avant l‘éradication de la maladie, pourrait favoriser la diffusion de l‘épidémie sur des zones étendues. Et, si la variole ressurgissait en France, la question de la limitation des déplacements de personnes se poserait. Afin d‘évaluer l‘efficacité de ce type d‘intervention, nous avons développé un modèle déterministe de diffusion spatio‐temporelle de type SEIR (susceptible, exposé en phase de latence, infectieux, retiré de la chaîne de transmission), enrichi de compartiments permettant d‘intégrer la vaccination en anneau et l‘isolement des cas. Nous avons appliqué ce modèle aux 21 régions françaises (hors Corse) pour prévoir l‘impact d‘une attaque bioterroriste en Île‐de‐France. Une analyse de sensibilité multivariée a été effectuée sur les paramètres du modèle. Elle montre que la limitation des voyages entre les régions ne serait pas efficace pour limiter la taille globale de l‘épidémie. Si 100 personnes étaient contaminées initialement en Île‐de‐France et pour un taux de reproduction de base 1 de 3, en mettant en place, 25 jours après l‘attaque, une campagne de vaccination de 80 % des contacts et d‘isolement de 60 % des malades contagieux non tracés (paramètres de référence), le modèle prédit une épidémie de 730 cas, dont 395 cas en Île‐de‐France, qui conduirait à recourir à près de 5 500 doses vaccinales et à isoler 550 personnes. Diminuer de 90 % les voyages des contacts, 25 jours après l‘attaque, ne permettrait pas de réduire substantiellement la taille globale de l‘épidémie.